Il n'y a plus de doute possible. Les animaux morts retrouvés en juillet et août dans la baie de Saint-Brieuc, dans les Côtes d'Armor, ont succombé au gaz toxique dégagé par les algues vertes en décomposition. Deux rapports officiels l'ont confirmé mardi et mercredi.
L'Agence de sécurité sanitaire de l'environnement (Anses) et l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) ont retenu comme "hautement probable" l'hypothèse d'une intoxication au sulfure d'hydrogène (H2S) pour expliquer la mort de 36 sangliers, trois ragondins et un blaireau.
Des mesures effectuées sur la plage de Saint Maurice, à Morieux, ont montré que les concentrations d'émissions les plus élevées pouvaient par endroit être mortellement dangereuses. Elles sont allées jusqu'à 3.000 mg/m3 alors que le seuil létal est à 2.400 mg/m3-, selon le rapport de l'Ineris.
Un risque mortel "relatif " pour l'homme
Le rapport relativise cependant le danger pour l'homme. Il faut imaginer le cas d'une chute accidentelle suivie d'une immobilisation de plus d'une minute dans une vasière très toxique pour que le risque soit mortel.
Malgré des concentrations ponctuellement élevées dans l'air (jusqu'à 210 µg/m3), "le fait de résider à proximité de la plage ou de l'estuaire toute la saison (...) ne semble pas présenter de risque préoccupant pour la santé" des riverains, selon le rapport de l'Inéris.
Le gaz toxique, qui dégage une odeur nauséabonde d’œuf pourri, peut provoquer une irritation des yeux, du nez ou de la gorge. En cas d'exposition aiguë, il peut entraîner perte de connaissance, coma accompagné d’œdèmes pulmonaires et décès.
Les associations veulent porter plainte
Les sangliers ne sont pas les premières victimes des algues vertes. Un cheval qui s'était enlisé dans une vasière est mort asphyxié en juillet 2009 sur la plage de Saint-Michel-en-Grève. Son cavalier s'en est tiré de justesse grâce à l'intervention d'un témoin.
Par ailleurs, la justice enquête encore sur le décès d'un agent de 48 ans, mort d'un arrêt cardiaque en juillet 2009 alors qu'il conduisait un camion d'algues vertes à Binic. Sa famille, qui a porté plainte en invoquant la présence d'H2S dans son sang, doit être entendue très prochainement par le juge du Pôle santé publique à Paris.
Deux associations écologiques veulent aussi déposer plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui" sur la base des conclusions de l'Ineris et de l'Anses.