L'info. Au lendemain de l'annonce de l'ouverture d'une information judiciaire contre X dans "l'affaire Cahuzac", deux juges d'instruction ont été nommés mercredi. Ce sont donc Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke, du pôle financier du TGI de Paris, qui mèneront l'enquête pour blanchiment de fraude fiscale. Tous les deux sont des habitués des affaires politico-financières.
Déjà en binôme. Les juges Le Loire et Van Ruymbeke instruisent déjà ensemble le volet financier de l'affaire Karachi. L'année dernière, Ziad Takkiedine, l'homme d'affaires mis en examen dans ce dossier, avait demandé à la Cour de cassation le dessaisissement des magistrats. En vain.
Le Loire, le doyen du pôle financier. Mais les deux juges ont d'autres dossiers sensibles sur leurs bureaux. Roger Le Loire, par ailleurs doyen du pôle financier, instruit actuellement l'affaire des biens mal acquis - qui vise notamment les chefs d’Etat du Congo-Brazzaville (Denis Sassou Nguesso), du Gabon (Ali Bongo) et de la Guinée Équatoriale (Teodoro Obiang) et leur entourage - ainsi le dossier de la nomination de François Pérol, ancien conseiller de l'Elysée, à la banque BPCE.
Le juge Le Loire, qui a commencé sa carrière au pôle anti-terroriste du TGI de Paris, avait notamment eu la charge de nombreux dossiers médiatiques comme l'enquête sur le groupe terroriste Action directe, sur le FLNC, sur l'ETA ou encore le GIA algérien. Roger Le Loire est aussi à l'origine de poursuites engagées contre l'ancien président chilien Augusto Pinochet, dans l'enquête sur la disparition de douze Français pendant la dictature.
Van Ruymbeke, le pilier menacé. Renaud Van Ruymbeke est quant à lui l'un des piliers du pôle financier qu'il a rejoint en 2000, pour instruire l'affaire Elf avec les juges Eva Joly et Laurence Vichnievsky. Depuis, ce forcené de la lutte anti-corruption a multiplié les dossiers chauds, comme l'affaire Urba, celle des frégates de Taïwan ou encore le dossier Kerviel. Fin 1996, il avait aussi repris l'enquête dans le meurtre de la jeune Anglaise, Caroline Dickinson, violée et tuée pendant des vacances en France.
En 2006, une procédure disciplinaire est engagée contre lui pour s'être entretenu, hors procès-verbal, avec Jean-Louis Gergorin, le corbeau de l'affaire Clearstream. Mais après six ans de procédure, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, annonce finalement en décembre dernier qu'aucune sanction ne sera prise contre lui. Désormais, Renaud Van Ruymbeke n'aspire qu'à "rester à son poste".