Il était en fuite depuis près de six ans. Paul Lantieri s'est présenté lundi devant le tribunal correctionnel de Marseille, où il comparaît aux côtés de 19 autres prévenus dans l'affaire du cercle de jeux parisien Concorde. Principal prévenu dans ce procès de lutte intestine entre clans corses, l'homme en fuite depuis 2007 doit répondre notamment d'association de malfaiteurs, blanchiment et extorsion de fonds. Après avoir pris place sur le banc des prévenus, il a été interpellé à l'audience et placé en détention. Il risque jusqu'à 10 ans de prison.
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Il avait promis d'être présent. Costume gris, chemise blanche, l'allure décontractée, cet homme qui avoisine les deux mètres est arrivé au palais de justice accompagné d'un de ses avocats, Emmanuel Daoud. Ce dernier avait d'ailleurs annoncé sur son compte Twitter sa venue samedi. En entrant dans la 6e chambre correctionnelle, Paul Lantieri a salué du regard certains, embrassé d'autres, avant de prendre place dans une salle bondée.
Affaire #Cercle#Concorde Paul #Lantieri entre dans la salle d'audience twitter.com/JFGiorgetti/st…— jfgiorgetti (@JFGiorgetti) 27 mai 2013
Mais les retrouvailles n'ont pas duré longtemps, en vertu d'un mandat d'arrêt délivré en 2010, l'homme a été interpellé par les policiers à une suspension d'audience. Il a été placé en détention par le tribunal qui a voulu s'assurer de l'avoir sous la main jusqu'à son délibéré, conformément aux réquisitions du parquet. Il sera donc le seul des 20 prévenus à comparaître dans le box.
"Je n'ai nullement envie de repartir". Lui et ses avocats ont pourtant tenté, en vain, de convaincre qu'il ne ferait plus défaut à la justice après presque six ans de cavale. "Si je suis rentré aujourd'hui, c'est pour vous rendre des comptes, vous expliquer ce qui s'est passé exactement au Cercle Concorde. Je n'ai nullement envie de repartir, n'ayez aucune crainte. Ce n'est pas facile de vivre comme un fugitif", a déclaré Paul Lantieri à la barre.
"Il a changé, ce n'est plus le même homme", a renchéri un autre de ses avocats, Michel Pezet, évoquant une compagne rencontrée lors de ses années de fuite et présente dans la salle, qui l'aurait transformé. S'il est parti, c'est parce qu'il craignait pour sa vie, "mais le risque physique n'existe plus pour lui", a ajouté le conseil.
"Le grand banditisme n'existent pas". Paul Lantieri en a profité pour évoquer sa cavale. Divorcé et sans enfant, l'homme de 50 ans a dit s'être caché pendant un temps - dans des conditions encore inconnues. Il a ajouté vouloir à présent s'expliquer sur une affaire dans laquelle "le blanchiment et le grand banditisme n'existent pas". Pour rappel, ce natif de Bastia avait échappé à un coup de filet de la police - dont il avait manifestement été prévenu - en novembre 2007. A l'époque, le Cercle Concorde, qu'il co-dirigeait, avait été fermé sur fond de malversations et de luttes intestines entre ses financeurs officiels et officieux.
Impliqué dans la tuerie des Marronniers ? L'affaire du Cercle Concorde démarre en 2006, quand la police découvre que Lantieri est impliqué dans les suites d'un triple assassinat dans un bar de Marseille: il a aidé un de ses auteurs, corse comme lui, à soigner une blessure. A l'époque, Lantieri investit beaucoup d'argent dans un restaurant attenant au Cercle Concorde à Paris, "Le Rich", avec un banquier suisse, François Rouge. Fermé en 1988 sur les Champs-Elysées, l'établissement de jeux avait été relancé rue Cadet par des proches de Lantieri associés à Edmond Raffali, son ancien patron.
En janvier 2007, deux mois après l'inauguration du Cercle, très mondaine, Lantieri est arrêté dans l'affaire de la tuerie marseillaise. Il est relâché mais des investigations révèlent que le Concorde servirait à blanchir de l'argent illicite. A l'automne 2007, l'établissement est fermé et de nombreuses personnes arrêtées, sauf Lantieri qui prend le large... pour ne réapparaître que cinq ans et demi plus tard.