Dans Converties, Virginie Riva revient sur les motivations de onze femmes qui ont voulu devenir musulmane. Entretien.
Delphine, Alsacienne catholique devenue musulmane ; Claire, psychologue et féministe musulmane ; Sabine, convertie à l’islam depuis l’âge de 19 ans ; Nicole, passée de Dieu à Allah, etc. Dans Converties (Le Seuil), Virginie Riva* est partie à la rencontre de onze femmes. Onze trajectoires totalement différentes mais un but commun : devenir musulmane. Loin des clichés sur la femme voilée qui se convertit uniquement pour suivre son mari, ce livre tente de comprendre le choix de ces femmes.
Pourquoi dites-vous que la conversion de la femme est plus "sincère" ?
En tant que femme, je voulais comprendre pourquoi ces femmes-là étaient attirées par cette religion. Je voulais aussi déconstruire l’idée, qui me paraissait simpliste, que la convertie est nécessairement soumise à son mari, qu’elle ne se convertit uniquement parce qu’elle se marie. Or, la femme, si elle veut épouser un musulman et qu’elle est issue d’une des trois religions du Livre (catholicisme, judaïsme et l’Islam), n’a aucune obligation de se convertir pour se marier religieusement. Ce qui n’est pas le cas de l’homme qui devra nécessairement se convertir pour épouser une musulmane.
Pour quelles raisons ces femmes ont-elle choisi de se convertir ?
Il y a d’abord la proximité avec les musulmans. Quand une femme, jeune, possède dans son entourage des amis musulmans, quand elle est reçue par les familles, notamment au moment du ramadan. Il y a aussi la rencontre amoureuse qui peut être déterminante. C’est le cas de certaines femmes que j’ai rencontrées. Elles tombent amoureuses d’un musulman et décident, par amour, de se convertir. Enfin, il y a la quête de sens pour des femmes qui ont pu connaître des accidents de la vie. A un moment de leur vie, ces femmes se sont interrogées sur le sens de la vie.
Quelles difficultés peuvent rencontrer ces femmes qui veulent se convertir ?
La conversion en elle-même ne pose pas de problème. C’est la conversion la plus simple par rapport aux autres religions. Il faut réciter la "Shahada", qui est l’un des cinq piliers de l’Islam. Le converti doit donc prononcer cette phrase en arabe ou en français : "Il n’y a de Dieu qu’Allah et Mohammed est son messager". La personne convertie doit ensuite faire des ablutions corporelles.
Après la conversion, lorsque ces femmes ne sont pas intégrées dans une belle-famille musulmane, elles se retrouvent souvent isolées. Elles se retrouvent en infériorité culturelle. Cela peut être le cas dans d’autres religions mais sauf que les converties à l’Islam vont aussi faire face à une barrière culturelle (si elles ne parlent pas arabe, par exemple). Elles n’ont pas forcément les amies pour aller à la mosquée et la communauté ne s’emploie pas vraiment à les suivre.
* Virginie Riva est correspondante pour Europe 1 à Rome