Trafics de stupéfiants, faux monnayages, braquages et règlements de comptes multiples. La police judiciaire a attribué en 2011, près de 28.770 infractions à des organisations criminelles. Le dernier rapport publié par le Service de renseignement et d'analyse sur la criminalité organisée (Sirasco) de la PJ, auquel a eu accès le Figaro, dresse le portrait des différents groupes criminels à l'œuvre dans l'hexagone. verdict : avec un chiffre d'affaires estimé à plus d'un milliard d'euros pour le trafic de cannabis, les groupes issus des cités sensibles montent en puissance par rapport au "milieu" traditionnel français que représentent les organisations corses, marseillaises ou des gens du voyage.
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Parallèlement, le rapport confirme l'implantation des "grandes mafias" étrangères russes, italiennes ou chinoises sur la Côte d'Azur, mais relève également "la présence dans la plupart des agglomérations françaises d'organisations criminelles étrangères". Celles-ci interviennent parfois dans des domaines que l'on ne soupçonnerait pas.
Invités de Patrick Roger dans Europe1 midi, plusieurs experts ont décrypté ce phénomène lundi.
Le cambriolage, nouvelle pratique mafieuse. Ces nouveaux groupes étrangers n'agissent pas forcément sur les "business" mafieux traditionnels, comme le souligne, Jérôme Pierrat, journaliste et écrivain, spécialiste du crime organisé. "Ils sont présents sur des affaires typiquement criminelles (stups, trafic d'êtres humains) mais aussi sur du vol, des cambriolages et des choses qui sont d'habitudes plutôt réservées à une petite délinquance". Ainsi, note le journaliste, la mafia Géorgienne se serait spécialisée dans le cambriolage "avec des séries de 100 à 300 actes qui au final génèrent des millions d'euros". "Cela cache souvent de grosses organisations criminelles internationales" précise-t-il. De petits délits, permettant de passer sous le radar des autorités, pouvant avoir de grandes conséquences et qui sont "sans doute l'arbre qui cache la forêt à venir". "En Espagne, où ces groupes sont implantés depuis plus longtemps, il y a eu des cas assez graves de corruption et de blanchiment", ajoute Jérôme Pierrat.
Le citoyen directement touché. Une tendance que confirme, sur Europe1, Bernard Petit, sous–directeur de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). "Les mafias ne sont pas toujours sur la place boursière à Londres ou sur les cargos de cocaïne qui vont au large de l'Afrique de l'ouest". "Nous sommes confrontés à une petite délinquance qui est massive, collective, organisée et qui impacte directement le citoyen et sa qualité de vie", poursuit le fonctionnaire opposant ces pratiques à celles "anesthésiantes et à haut niveau" des "grandes mafias". Et ce ne serait qu'un début, selon Bernard Petit : " ces groupes doivent s'adapter à la langue et au pays, ce n'est donc qu'un début d'implantation".
A chaque groupe, sa spécialité
Aux organisations géorgiennes, le cambriolage. Nous sommes "confrontés à des séries massives de cambriolages dans le grand Ouest français, organisé par un seul mafieux géorgien basé dans une autre ville de France", explique Bernard Petit. "Il attend le résultat des courses puis va rapatrier l'argent ou les biens de l'autre coté d'une frontière où son organisation peut les capter dans son pays d'origine"décrit-il.
Aux groupes turcs, le commerce de clandestins. Depuis 2009, plusieurs de ces organisations sont responsables de 90% des flux d'illégaux en Europe.
Aux vietnamiens, la culture du cannabis. La diaspora vietnamienne aurait fait sa spécialité des plantations de cannabis. En témoigne la saisie de 3.000 pieds dans deux paisibles villages de l'Aube en septembre et celle de la Courneuve en février 2011. Les gardes et jardiniers seraient des clandestins venus d'Hanoï.
La violence des Tchétchènes. Si les Tchétchènes sont présents sur le trafic de stupéfiants, de voitures volées ou de faux papiers, ils se distinguent notamment par leur violence dans des affrontements inter-ethniques avec arméniens et maghrébins notamment à Strasbourg et Mulhouse. Ils sont également présents dans la sécurité des établissements de nuits à Cannes et Nice, où plusieurs affrontements les opposants à la pègre locale ont été relevés.