L'info. La justice s'est saisie mardi d'un quatrième cas suspect à l'hôpital de Chambéry. C'est l'établissement qui a signalé la mort de ce nourrisson, en mars dernier après qu'il a été nourri avec une poche de nutriment du laboratoire Marette. Problème : selon la ministre de la Santé, la poche en question ne provenait pas du même lot que celles soupçonnées d'avoir provoqué la mort de trois bébés début décembre. En conséquence, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a relancé une enquête nationale auprès de tous les établissements approvisionnés en poches alimentaires issue du laboratoire normand.
# Un quatrième cas suspect. C'est l'hôpital de Chambéry lui-même qui a donné l'alerte après l'enquête administrative et sanitaire, ordonnée par la ministre de la Santé suite à la révélation de la mort suspecte de trois nourrissons début décembre. Un nouveau-né aurait succombé en mars 2013 après avoir été lui aussi nourri grâce à une poche de nutriments du laboratoire Marette. "Il s'agit d'un bébé qui est mort au mois de mars, pas du tout à la même période, pour lequel l'hôpital s'interroge et pour lequel la famille nous a saisis", a indiqué mercredi le procureur de la République de Marseille. Selon lui, il existe une "ressemblance des symptômes et la rapidité avec laquelle le bébé est décédé". "Il est trop tôt pour savoir si les causes de la mort de ce bébé sont les mêmes" que pour les trois autres, a cependant souligné Marisol Touraine, la ministre de la Santé qui a confirmé l'information sur BFM TV.
# Le laboratoire Marette mis en cause. Matheo, mort en mars 2013, a bien été nourri avec une poche du même type que celles mises en cause pour les trois autres nourrissons et produites par le même laboratoire, Marette. Néanmoins, cette poche ne provient "pas du même lot" que celles mises en cause pour les décès de décembre, a précisé Marisol Touraine mercredi. Les poches suspectes analysées en décembre avaient en effet été produites le 28 novembre, donc après le décès de Matheo.
# Une enquête nationale. Marisol Touraine a précisé mercredi que16 hôpitaux en France ont reçu des poches d'alimentation du laboratoire Marette. "Il ne s'agit pas de laisser à l'écart les autres établissements", a expliqué la ministre de la Santé. Elle leur demande donc de fournir "des comptes-rendu sur les accidents ou les décès d'enfants qui ont pu intervenir à la suite de la consommation de ces poches d'alimentation". Elle a précisé que le gouvernement disposerait "de l'ensemble des informations nécessaires la semaine prochaine". Selon des précisions apportées par son ministère, l'enquête a été lancée en décembre, dès les premiers soupçons portant sur les poches alimentaires utilisées à l'hôpital de Chambéry.
# Les parents inquiets lancent un appel. "Pour mes clients, c'est une information extrêmement troublante : on apprend que, neuf mois avant le décès des trois petits nourrissons de Chambéry, il y a déjà eu un cas similaire, sans que ce premier décès ne fasse l'objet d'information ou d'analyse particulière", a dénoncé sur Europe 1 Me Charles-Henri Boringer, l'avocat du père de l'un des bébés décédés il y a quelques semaines. "On se pose beaucoup de questions. Pourquoi n'y a t-il pas d'analyses immédiates qui font qu'on retire [les poches de nutriment] tout de suite, sans attendre quatre accidents, cette fois-ci cinq, pour prendre les mesures qui s'imposent ? Maintenant que l'affaire est publique, on peut craindre que de nouveaux cas soient révélés au fil du temps", a-t-il ajouté.
"Nous aimerions que les choses bougent. Si davantage de parents qui pensent être dans notre cas se font connaître et s'ils se rattachent à notre dossier, nous aurons plus de poids pour faire pression. Nous pourrons ainsi aller loin dans l'identification de cette bactérie", ont demandé de leur côté les parents de Théo. "Suite à notre intervention dans les médias, une famille s'est sentie concernée et s'est manifestée auprès de l'hôpital et de la juge en charge de l'enquête. Leur cas a ensuite été ajouté au dossier", ont-il ajouté, en référence au décès de Matheo en mars.
# La justice saisie. La juge d'instruction en charge du dossier s'est rendue sur place dès mardi avec plusieurs experts - médecins, pharmaciens - pour analyser le dossier médical de Matheo. "J'ai fait un (réquisitoire) supplétif vendredi dernier et la juge d'instruction (du pôle santé de Marseille) Annaïck Le Goff est saisi du cas de ce bébé", a indiqué le procureur de la République de Marseille.
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