"Renoncer, ce serait renoncer à nous-mêmes". Invité d'Europe 1 mercredi matin à l'occasion de la sortie du n° 1179, le nouveau rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Gérard Biard, a confirmé qu'il était hors de question pour l'hebdomadaire satirique de changer de ligne éditoriale.
Pas de changement de ligne éditoriale. Interrogé sur les dessins sur les terroristes, Mahomet ou les attentats de Copenhague qui jalonnent les pages du nouveau numéro, Gérard Biard a expliqué : "il est hors de question de changer la ligne éditoriale, elle est celle qu'elle a toujours été, on commente l'actualité." Il a aussi que le rythme hebdomadaire allait reprendre : "on ne va pas changer de titre, c'est Charlie Hebdo, pas Charlie Annuel ! C'est nécessaire !", a-t-il ironisé.
Ne pas rester un symbole. Ce qui a changé depuis les événements de janvier ? "On s'adresse à beaucoup de plus de monde, c'est évident", a reconnu Gérard Biard avant d'ajouter : "il ne faudrait surtout pas qu'on reste le symbole qu'on a été l'espace d'un numéro. On l'a été bien malgré nous, d'ailleurs".
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Confiant que les collègues disparus étaient "tout le temps dans nos têtes, nos esprits, nos tripes", le rédacteur en chef a raconté que les rengaines d'avant l'attentat recommençaient déjà : "on recommence non pas à sentir seuls mais à réentendre toujours les mêmes termes : 'n'êtes-vous pas allés trop loin ?' N'est-ce pas de la provocation ?'", a-t-il déploré avant de s'indigner : "on ne peut pas aller trop loin en exerçant un droit. On n'est pas provocateurs, on fait juste notre métier."
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Charlie Hebdo "bunkerisé"? Gérard Biard a tenu à faire un point sur l'argent récolté : "les dons, c'est autour de 4 millions, tout le montant des dons sera entièrement reversé aux familles des 17 victimes. Pour ce qui est de l'argent qu'on va garder, c'est l'argent des ventes et des abonnements : le journal va vivre avec ça, comme il a toujours vécu, et uniquement avec ça", a-t-il dit.
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Pour l'instant toujours hébergé par Libération, la rédaction est à la recherche de nouveaux locaux : "il est évidemment hors de question de retourner rue Nicolas Appert, mais ces locaux doivent être mis en sécurité, une sécurité qui soit adaptée aux risques qu'on court, et évidemment ça coûte cher aussi", a expliqué le rédacteur n chef.
Charlie Hebdo va-t-il devenir un journal bunkerisé ? "Matériellement oui, mais éditorialement non. On va rester toujours le journal ouvert qu'on a toujours été."
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