17% des professeurs souffrent d'épuisement physique, mental et émotionnel. C'est ce qui ressort d'une étude de deux spécialistes révélée dans Le Monde daté de jeudi. Ce phénomène, communément appelé "burn-out", toucherait également 11% des autres professions mais les enseignants sont particulièrement exposés.
Chatel dénigre l'enquête
Une enquête pourtant critiquée jeudi par le ministre de l'Education nationale Luc Chatel, qui s'est interrogé sur sa "fiabilité statistique". Le ministre a ainsi tenu "à signaler que le soi-disant pourcentage de burn-out de 17%, mesuré chez les enseignants français est en fait le résultat d'un travail statistique mené en Hollande à la fin des années 90".
Luc Chatel a aussi rappelé qu'il avait pris des "initiatives en matière de prévention et (que) de réels progrès ont été réalisés en matière de médecine du travail". "Dès la rentrée 2010, une campagne exceptionnelle de recrutement de 80 médecins de prévention a été lancée", a-t-il fait remarquer.
Mais pour Elizabeth Labaye, secrétaire nationale du syndicat d'enseignants Snes, "sur les 80 prévus, les recteurs n'en ont demandé que 39 et recruté 17". "Autant au niveau ministériel, il y a une prise de conscience du problème, autant au niveau académique, ça freine des quatre fers. Les recteurs n'ont pas une culture de santé au travail", a-t-elle regretté.
Les moins de 30 ans plus vulnérables
Et à en croire l'étude révélée jeudi, il y a urgence à agir. Près de 30% des professeurs interrogés ont dit songer, souvent, à quitter le métier", a indiqué Georges Fotinos, ancien inspecteur général de l'Education nationale et coauteur de cette étude réalisée auprès de 2.100 personnels de 400 lycées et collèges.
"Les différences entre les sexes et entre les établissements - en zone urbaine, en zone rurale, en ZEP - sont moins déterminantes que le facteur âge. Les jeunes en dessous de 30 ans sont plus exposés", a-t-il précisé.
Pour la sociologue Françoise Lantheaume, "la montée des risques de burn-out est bien connue des pays anglo-saxons et asiatiques où ils sont dus notamment à la recherche de la performance". En France, "les enseignants français expriment massivement des sentiments d'usure, d'impuissance et d'abandon. Je l'ai constaté il y a une dizaine d'années déjà en collèges et lycées, je le vois maintenant en primaire", a-t-elle expliqué.