Autre temps, autres moeurs. Avant Nicolas Sarkozy, convoqué jeudi par un juge d'instruction à Bordeaux, le seul ex-président de la République à avoir été entendu par la justice se nomme Jacques Chirac. Et les méthodes des juges Philibeaux et Siméoni à leur époque étaient radicalement opposées à celle de Jean-Michel Gentil, en charge du dossier Bettencourt aujourd'hui.
Chirac, témoin assisté
Jacques Chirac a d'abord été entendu en juillet 2007 par le juge d'instruction de Nanterre Alain Philibeaux dans le dossier des emplois fictifs de la mairie de Paris. A cette occasion, c'est le magistrat qui s'était déplacé dans les bureaux de la rue de Lille de l'ancien chef de l'Etat. Jacques Chirac avait alors été entendu sous le régime du témoin assisté.
Regardez ces images de l'époque :
En 2007 et 2008, la juge d'instruction parisienne Xavière Siméoni, qui a repris le dossier, convoque à son tour Jacques Chirac. La magistrate recevra l'ex-président pas moins de huit fois. Les entretiens ont cette fois lieu au pôle financier, dans le bureau de la juge, comme pour n'importe quel autre justiciable.
Baise-main à la juge Siméoni
Mais tout se déroule dans le climat de courtoisie habituel de la magistrate. Jacques Chirac gratifie même parfois Xavière Siméoni d'un baise-main en guise de salutation. Une galanterie aimable qui n'empêche d'ailleurs pas la juge d'instruction de mettre l'ancien président en examen pour détournement de fonds et de signer son ordonnance de renvoi devant un tribunal.
En 2012, les acteurs ont changé. Et les manières de Jean-Michel Gentil n'ont rien de la courtoisie entre gens de bonne compagnie. Le juge a ainsi entendu Eric Woerth pendant plus de douze heures avant de le mettre en examen, en février dernier.
Gentil, un juge intransigeant
Il avait également fait interpeller le photographe, François-Marie Banier, à 6 heures du matin à son domicile deux mois avant. L'ami de Liliane Bettencourt avait ensuite passé deux jours à la prison de la Santé, avant d'être transféré, menotté, à Bordeaux.
Des méthodes qui montrent l'intransigeance de Jean-Michel Gentil. Un juge souvent décrit comme "opiniâtre, fonceur et parfois colérique". De mauvais augure pour Nicolas Sarkozy ?
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