C’est un procès par défaut qui va s’ouvrir lundi à Paris. La cour d’assises va juger les trois auteurs présumés de l’attentat du City of Poros, du nom d’un navire grec. Adnan Sojod, Samir Khaidir et Abdul Hamid sont accusés d'avoir participé à l'attaque au pistolet-mitrailleur et à la grenade du bateau, le 11 juillet 1988, alors qu’il naviguait sur la mer Egée. Elle avait fait 170 blessés et neuf morts, dont 3 touristes français, sur les 471 personnes à bord.
16 ans d’enquête
Il a fallu seize années d’enquête et huit années supplémentaires pour organiser cette audience. La faute aux dysfonctionnements du système judiciaire français. Le seul suspect que le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière est parvenu à faire arrêter était innocent et a bénéficié d'un non-lieu, après presque trois années de prison.
La police grecque et la justice française n'ont pu déterminer avec précision combien d'activistes avaient participé directement à l'action mais ont identifié trois suspects, membres d’un commando palestinien, le Fatah-Conseil révolutionnaire, proche de l’organisation d’Abou Nidal. Ils ne seront pas présents lundi.
L'identité d'un seul d'entre eux est certaine : il s'agit de Samir Khaïdir, mais il a été donné pour mort. Pour les deux autres suspects, les enquêteurs ne disposent que de photos figurant au dossier et d'identités qui peuvent être fausses, Adnan Mohamad Sojod et Abdul Hamid Hamoud. Aucune trace d'eux n'a jamais été retrouvée.
Les témoins, experts et victimes qui se succéderont à la barre jusqu'au 5 mars évoqueront une autre époque.
Elle attend des excuses des autorités françaises
Parmi les victimes françaises : Laurent Vigneron et Annie Audejean. Tous deux auraient dû se fiancer en rentrant en France. Le jeune homme avait été, un temps, accusé par les autorités grecques comme étant l’un des membres du commando. "Il finissait ses études d’ingénieur. Il partait en vacances avec notre future belle-fille. Est-ce que l’on peut être terroriste et faire des études d’ingénieur et tout à fait intégré ?", s’interroge sa mère Claire Vigneron au micro Europe 1 qui n’a pas cru un instant à ces supputations.
"Personne n’a jamais cru qu’il était coupable. Ce que j’attends surtout c’est que quelqu’un, officiellement, dise que Laurent était innocent. Même si tout le monde le savait, officiellement ça n’a jamais été dit", déplore-t-elle. Le jeune homme a été tué, dans le dos, par une rafale de mitraillette.
Le verdict est attendu le 2 mars.