L’INFO. A quelques mois des municipales, et après un an de polémique sur les rythmes scolaires, le gouvernement ne pouvait pas se permettre de mécontenter un peu plus son électorat traditionnel. Le ministre de l’Education Nationale, Vincent Peillon, a dû reculer sur sa réforme des prépas. Jeudi il a annoncé qu’il repoussait sa réforme du temps de travail des professeurs de classes préparatoire à 2015.
Que voulait Vincent Peillon ? Idée fixe depuis le début de son mandat, le ministre souhaite redonner de l’équilibre à l’Education Nationale. Car si l’on en croit le dernier classement PISA, la France a l’un des systèmes d’éducation les plus inégalitaires du monde.
Pour remédier à cela, Vincent Peillon voulait réformer le temps de travail des professeurs de classes “prépas” en augmentant leur temps de classe obligatoire à 10h par semaine, alors qu’il oscille entre 8h et 11h pour l’instant. A partir de là, les professeurs avaient deux choix, soit travailler plus, soit travailler autant et gagner moins.
En prenant un peu aux classes “prépas”, le ministre pouvait ainsi donner plus au secondaire dans les Zones d’Education Prioritaires (ZEP) et ainsi rééquilibrer la couverture du territoire de l’Education Nationale au profit des quartiers en difficultés.
La fronde des "prépas". Problème : les professeurs de “prépa” n’ont pas trop apprécié de voir leurs conditions de travail remises en cause. Selon les syndicats, pour les professeurs qui ne voudraient pas avoir plus d’heures, la réforme équivaudrait à une baisse de salaire située entre 10% et 20% sur un salaire moyen de 4.800 euros.
Fin novembre, la colère des professeurs de “prépas” a commencé à monter. Assemblées générales, pétitions, rétentions de note, tous les moyens ont été bons pour attirer l’attention. La mobilisation a même pris forme lors d’une grosse journée de mobilisation le 9 décembre. Plusieurs milliers d’enseignants et d’élèves ont manifesté à Paris et dans plusieurs villes de France, fait très rare dans cette partie de l’Education Nationale, souvent hermétique aux mouvements sociaux.
La reculade. Dès le 4 décembre, Vincent Peillon avait annoncé qu’il ne reculerait pas devant les manifestations. Invité sur France Inter, il s’était défendu “d’attaquer les classes préparatoires”. Pourtant, jeudi, le ministre a mis de l’eau dans son vin lors d’une conférence de presse. "Il faut encore du temps de travail pour l'explication, pour finaliser les mesures", a-t-il annoncé. Decryptage : la réforme attendra 2015.
Une façon de calmer les esprits d’un électorat acquis traditionnellement à la gauche en vue des élections municipales. Selon Le Monde, c’est l’Elysée qui aurait freiné des quatre fers après une année de polémique sur les rythmes scolaires.