Clearstream : Villepin mène le jeu

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Hélène Favier , modifié à
L'ANTISECHE - Lahoud multiplie les versions contradictoires. Villepin reste fidèle à la sienne.

Imad Lahoud et ses incohérences - Après avoir chargé ses co-prévenus lundi, Imad Lahoud a peiné à démontrer mercredi devant la cour d'appel de Paris, qu'il n'avait été que la victime impuissante d'une manipulation organisée par Jean-Louis Gergorin et Dominique de Villepin dans l'affaire Clearstream. En première instance, le mathématicien avait été condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir ajouté des noms de personnalités sur les listings Clearstream. "Je n'ai ajouté qu'un seul nom, Nagy et Bocsa", patronymes de Nicolas Sarkozy, a martelé mercredi matin Imad Lahoud. Quelques secondes plus tôt, le prévenu avait pourtant parlé de plusieurs noms. "J'ai toujours dit que Jean-Louis Gergorin se prévalait d'instructions reçues par Dominique de Villepin quand il me demandait d'ajouter des noms (...) et de détruire des documents."

Villepin imperturbable - Depuis lundi, l'ancien Premier ministre esquissait des sourires en écoutant ferrailler Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin. Mercredi, il s'est montré imperturbable. "Il faut à un moment revenir sur terre", a assené l'homme politique, et cesser "la lecture tendancieuse ou biaisée" des notes du général Rondot, qui en janvier 2004 "ne marquait aucune réserve" quant à la véracité de la menace. "Tout le reste est un procès d'intention", a-t-il ajouté. Relaxé en première instance du chef de "complicité de dénonciation calomnieuse", Dominique de Villepin a ensuite redit qu'il n'avait pas évoqué les listings Clearstream avec le président Jacques Chirac, contrairement à ce qu'affirme l'ancien haut responsable d'EADS, Jean-Louis Gergorin. "Comme l'a très bien dit Jean-Louis Gergorin : il ne savait pas 'si c'était du lard ou du cochon'. Dès lors,quand on ne sait pas 'si c'est du lard ou du cochon', on ne transmet pas au président de la République".

Gergorin a "déraillé" - Mercredi, Jean-Louis Gergorin a lui répété avoir "complètement déraillé à cette époque", avoir été abusé, "impressionné par la confiance qu'avait le général Rondot en Imad Lahoud". Le géostratège a égratigné le témoignage de son adversaire, en signalant une faute d'orthographe qui attesterait selon lui que c'est l'agrégé de mathématiques et non lui-même qui aurait ajouté certains noms sur les listings. Plusieurs fois, il a ensuite fait allusion à "son état second" au moment des faits. "Quand j'ai rencontré le journaliste Edwy Plenel, j'étais dans un état second", a-t-il, par exemple, admis. "Vous voulez dire, mélangeant fiction et réalité" ?, l'a questionné la présidente Christiane Beauquis pour souligner l'anxiété, à l'époque de ce dirigeant d'EADS. Considéré par le tribunal comme le "cerveau" de la dénonciation calomnieuse, le polytechnicien a écopé en première instance de 15 mois de prison ferme, soit moins qu'Imad Lahoud, qui n'est pourtant décrit que comme une petite main.