Cécile Duflot a lancé mercredi les débats sur le logement social par un chiffre choc : "en 2012, ce sont 1,7 million d’habitants de notre pays qui attendent un logement social", a asséné la ministre du Logement. Un chiffre choc donc, mais un chiffre faux, comme l’a montré jeudi matin le vrai-faux de l’info d’Europe 1.
Réécoutez la chronique :
Le bon chiffre. Il ne s’agit donc pas de 1,7 million de personnes en attente d’un logement, mais de 1,7 million de dossiers en attente d’un traitement. Un chiffre qui regroupe une forte diversité de situations, de la personne seule à la famille nombreuse, en passant par le parent divorcé avec des enfants. En tout, ce sont en fait près de 4,2 millions de personnes qui attendent un HLM.
Potentiellement, beaucoup plus ! En France, toutes les personnes éligibles à un logement social ne déposent pas de dossier. Et heureusement, sans quoi l’administration serait sans doute encore plus surchargée qu’elle ne l’est déjà. La flambée des prix de l’immobilier et l’appauvrissement moyen de la population a en effet fait rentrer beaucoup de monde dans les critères. Et même si Christine Boutin a revu ces plafonds à la baisse, de l’ordre de 10,3% en 202009, beaucoup de Français gagnent suffisamment peu d’argent pour être sous les fameux seuils.
L’exemple ! Pour être éligible à un logement social, un couple sans enfant doit gagner moins de 2715 euros par mois à Paris, moins de 2.109 euros en province ; un couple avec deux enfants doit gagner moins de 4.250 euros mensuels dans la capitale, moins de 3.062 dans le reste de la France. Cela représente mine de rien près des deux tiers des Français (63% en 2010). Avant la décision de Christine Boutin, près de 80% de la population française était légitime pour demander un logement social.
Un Français sur six en HLM. Selon l’Union sociale pour l’habitat, près de 17% des Français sont locataires d’un organisme de logement social. Cela représente environ 10 millions de personnes.
4% d’entre eux sont trop riches. Près de 4% des ménages logés en HLM gagnent en fait trop d’argent pour y habiter. Le plus souvent, des personnes dont les revenus ont suffisamment augmenté pour dépasser les fameux plafonds. Pour cela, la loi a prévu le supplément de loyer de solidarité, quand le plafond de ressources est dépassé de plus de 20%. Mais même en y ajoutant cette somme, le loyer des bénéficiaires reste largement inférieur à ceux dont s’acquittent les locataires de résidences privées.