Combien de profs en moins ?

Après 50.000 suppressions de postes entre 2007 et 2010, le gouvernement en a programmé 16.000 pour cette rentrée et 14.000 en 2012, soit 80.000 sur le quinquennat.
Après 50.000 suppressions de postes entre 2007 et 2010, le gouvernement en a programmé 16.000 pour cette rentrée et 14.000 en 2012, soit 80.000 sur le quinquennat. © Maxppp
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avec Noémie Schulz , modifié à
Public et privé s'alarment des suppressions de postes depuis 2007. Europe1.fr fait le point.

Signe d'un profond malaise dans l'Education nationale, la quasi-totalité des syndicats d'enseignants du public et cinq syndicats du privé ont organisé des grèves et manifestations mardi en France pour dénoncer les suppressions de postes et dire que "l'école va mal". Très critiques sur la politique de suppression d'un fonctionnaire sur deux, les organisations syndicales veulent peser sur le projet de budget 2012 qui prévoit 14.000 suppressions de postes. Une politique de réduction assumée par le gouvernement. Europe1.fr fait le point.

SUPPRESSION DES POSTES

Une réduction des postes justifiée dit Chatel. Le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel qui "assume" les suppressions de postes, martèle depuis des mois qu'il y a aujourd'hui "35.000 professeurs de plus qu'au début des années 90, pour 540.000 élèves de moins". Interrogé par Europe 1 mardi, Jacques Grosperrin, député UMP du Doubs et spécialiste de tout ce qui touche à l'école à l'UMP estime lui aussi cette suppression de postes nécessaire dans le contexte actuel. "A partir du moment où l'Education nationale représente 50% des effectifs de la fonction publique d'Etat (…) il est pour nous indispensable de réagir", précise-t-il.

Réponse des syndicats. Les syndicats, qui "exigent l'arrêt des suppressions d'emplois"  ne contestent pas les chiffres de Luc Chatel, mais veulent les remettre en perspective : en 30 ans, la durée des études s'est allongée, il y a plus d'élèves au lycée, lequel "consomme" aussi beaucoup de professeurs en raison notamment des nombreuses options proposées. "On a des effectifs qui augmentent de manière très significative en maternelle et en élémentaire (…) et une formation professionnelle complètement liquidée", s'inquiète par ailleurs Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, premier syndicat des enseignants du primaire interrogé par Europe 1.

L'Education nationale compte aujourd'hui 850.000 enseignants. Entre 2007 et 2011, 66.000 emplois ont été supprimés, dont 16.000 rien que pour la rentrée 2011. Le projet de budget 2012 prévoit 14.000 nouvelles suppressions de postes, ce qui portera à 80.000 le nombre de postes supprimés entre 2007 et 2012.

L'école primaire est particulièrement touchée avec près de 9.000 suppressions à la rentrée 2011 et 1.500 classes fermées. Rien qu'à Paris, "au moins 90 écoles seront fermées", selon le SNUipp-75. L'enseignement privé sous contrat est également affecté, avec plus de 1.500 suppressions de postes cette année et 1.350 en 2012. Depuis 2008, 5.000 postes ont été supprimés dans ce secteur.

Enfin, d'après une note du Centre d'analyse stratégique (CAS), il n'y a pas plus de professeurs par élève dans l'Hexagone que dans le reste des pays développés. En France, dans le primaire, le taux d'encadrement est même parmi les plus faibles des pays développés. On compte cinq enseignants pour cent élèves, ce qui est deux fois moins qu'en Grèce ou en Italie. Cela signifie que la France dépense moins pour le primaire que dans le reste des pays riches. Au collège et au lycée, la tendance s'inverse. La France y consacre plus de moyens. Une erreur de calcul disent les spécialistes qui rappellent que l'acquisition des fondamentaux se joue à l'école primaire.

DES PROFS MIEUX REMUNERES ?

Ce que dit Luc Chatel. Le ministre de l'Education nationale rappelle que cette réduction de postes s'est accompagnée d'une augmentation de 10% des revenus des enseignants en début de carrière.

La revalorisation de 10% pour les revenus des enseignants en début de carrière apparaît comme une "mesurette" si l'on s'appuie sur une récente enquête de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique). D'après celle-ci, le salaire moyen des enseignants français du primaire et du secondaire, est inférieur à la moyenne des pays développés. L'OCDE note ainsi qu'en pourcentage du PIB, le salaire des enseignants entre 2000 et 2009 a diminué dans la plupart des pays, mais la France fait partie de ceux où la baisse est la plus importante.

QUE PROPOSE LE PS ?

Hollande : 60.000 postes en 5 ans. François Hollande, candidat "favori" dans la course à la primaire PS a proposé de recréer "60 000" postes en cinq ans au rythme de "12 000 par an". Le député de Corrèze chiffre cette mesure : 2,5 milliards d'euros sur cinq ans, soit 500 millions d'euros par an. François Hollande va donc plus loin que les préconisations de la fondation Terra Nova, proche du PS. Dans un rapport sur l'école 2012, elle prône de réinvestir fortement dans le primaire et l'éducation prioritaire, en créant notamment 10.000 postes par an durant le quinquennat dans l'Education nationale. Cette "surenchère" de François Hollande a provoqué les railleries de la droite, mais aussi de ses concurrents socialistes.

Aubry : cibler les besoins. "Remettre des enseignants oui, mais en remettre en priorité là où il y en a besoin la réponse est un peu plus complexe". C'est en ces termes que Martine Aubry a répondu, avec une pointe d'ironie à la proposition de François Hollande. Pour la maire de Lille, "il faut des moyens et des enseignants", mais "également des psychologues et des éducateurs pour les consolider dans leur tâche".

Valls : stop à la dépense publique. Egalement très sévère vis-à-vis de l'ex-premier secrétaire du PS, Manuel Valls a jugé que la "réponse (aux problèmes de l'école) ne pouvait pas être la dépense publique". Pour le député-maire d'Evry, "une véritable réforme de l’Education nationale" est nécessaire. Le plus "à droite" des candidats PS a notamment proposé de se servir du produit fiscal des heures supplémentaires pour financer l’éducation et revaloriser le salaire des enseignants, tout en les soumettant à une formation continue, et en leur imposant des heures de travail en dehors des cours.

Royal : deux profs par classe. La présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal a déclaré de son côté qu'elle mettrait deux profs par classe pour les zones les plus difficiles si elle était élue et proposé "un moratoire immédiat sur les suppressions de postes et un plan pluriannuel pour la durée du quinquennat".

Montebourg : 80.000 postes à créer. Enfin, le député de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg s'est prononcé pour un "tronc commun de scolarité pour tous les élèves jusqu'à 15 ans" et promis de recréer les 80.000 postes que la droite a supprimés depuis 2007.