L’Education nationale se trouve face à une équation très difficile. Concilier l’objectif de 15.000 à 17.000 suppressions de poste dès 2011 et maintenir voire améliorer "les performances globales" du système éducatif. Pour tenter de résoudre le problème, le ministère a soumis aux recteurs d’académies dix pistes à étudier lors d’une réunion début mai. Un document confidentiel, que publient Le café pédagogique, Le Monde et l’Humanité.
Les effectifs par classe
Le document indique qu’"en théorie, une augmentation d'un élève par classe en moyenne devrait se traduire, au niveau national, par une économie de près de 10.000 classes, soit un peu plus de 4 % du contingent total". Et ajoute que "toutes les marges en termes de taille des classes n'ont pas encore été utilisées", la principale piste.
Les écoles rurales pointées
Les académies sont également invitées à envisager la fermeture, la fusion ou le regroupement de petites écoles, rurales pour l'essentiel. Il y a de la marge selon le ministère puisqu’un quart des 54.000 écoles françaises ne compte qu'une ou deux classes.
Les enfants de 2 ans
Même si elle a chuté de 35% en dix ans, la scolarisation des enfants de deux ans est une autre piste de coupe possible. Elle pourrait notamment baisser dans l’académie de Lille où le taux est de 42%. Elle est réservée en priorité aux écoles située dans un environnement social défavorisé.
Les "Rased"
Concernant les enseignants spécialisés dans la lutte contre l'échec scolaire (dits "Rased"), le document évoque trois scénarios dont un de suppression totale de leurs postes, tout en notant "les difficultés rencontrées" dans la mise en œuvre de cette politique en 2009.
Réactions
A peine publiées dans la presse, ces "hypothèses" ont été qualifiées d'"inacceptables et insupportables pour l'avenir des élèves" par le SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire. "On ne cherche même plus à augmenter les performances globales et on accepte que dans certains secteurs ou certaines zones géographiques, la performance se détériore", a déploré son secrétaire général, Gilles Moindrot. Pour la fédération syndicale Unsa Education, "les contradictions n'arrêtent pas" le gouvernement: "d'un côté, il déplore l'échec scolaire ou la violence; de l'autre, il les aggrave".
Ce "dialogue" entamé début mai entre le ministère et les académies doit aboutir le 15 juin à élaborer le "schéma d'emplois" pour les rentrées 2011 à 2013. Environ 40.000 postes ont déjà été supprimés dans l'Education nationale entre 2008 et 2010.