Aimé Césaire entre au Panthéon mercredi. Retour sur l’histoire d’une nécropole qui compte les plus grands.
Qui n’a jamais rêvé un jour d’y entrer ? Evêques, navigateurs, cardinaux, écrivains, politiques, scientifiques, les plus grands de notre monde y reposent pour l’éternité… Enfin presque, puisque certains s’en sont fait exclure après que la vérité sur leurs (mauvaises) actions fût rétablie. Mercredi, c’est un grand poète qui fait son entrée dans la nécropole : le Martiniquais Aimé Césaire. L’occasion, pour Europe1.fr, de revenir sur l’histoire de cette nécropole qui, à travers les siècles, a accueilli les plus grands pour la postérité.
Qu’est-ce que le Panthéon ?
A l’origine, c’est-à-dire au XVIIIe siècle, il s’agissait d’un édifice construit pour recevoir les reliques de sainte Geneviève. Mais en 1971, à la mort de Mirabeau, l’idée d’en faire un monument pour l’histoire de la France et ceux qui l’ont marquée est née. Une telle pratique était déjà en place en Grande-Bretagne où les tombes des grands personnages étaient réunies à Westminster. Après moult discussions sur le choix du lieu, l’Assemblée nationale finit par choisir le Panthéon afin qu'il serve de nécropole aux personnalités exceptionnelles qui contribuent à la grandeur de la France.
Le Panthéon, une Histoire d’hommes
Qui repose au Panthéon ?
On compte aujourd’hui 71 tombes ou urnes funéraires de personnalités au Panthéon. Petit détail au passage, non sans importance, une seule femme fait partie des personnalités honorées, il s’agit de Marie Curie.
Y trouve-t-on seulement des cendres ou des dépouilles ?
Non, l’hommage rendu aux personnalités de la Nation ne se traduit pas nécessairement par le transfert du corps du défunt au Panthéon. On trouve au Panthéon les noms de personnalités tels que des écrivains et soldats morts pour la France, inscrits sur des plaques. Dans le cas d’Aimé Césaire, c’est une gigantesque fresque, composée de portraits évocateurs de quatre périodes de la vie du poète, qui sera installée au coeur de la nef. Le corps du grand poète et homme politique martiniquais décédé en 2008, restera, conformément à sa volonté, en Martinique.
De la volonté du président
Qui décide de qui entre au Panthéon ?
La décision d’inhumer une personnalité au Panthéon a évolué au fil de l’histoire de France. En 1791, c'est l'Assemblée constituante qui décide, puis c’est la Convention, en 1794, qui prend le relais. Elle décide notamment de l'inhumation de Jean-Jacques Rousseau, mais aussi du retrait de Mirabeau en 1794 et de Marat. Puis, sous le 1er Empire, la décision revient à Napoléon 1er, avant d’être confiée aux députés sous la troisième République. Aujourd’hui, le choix d’inhumer telle ou telle personnalité au Panthéon revient au président de la République.
Peut-on refuser l’entrée au Panthéon ?
Oui, mais cela ne repose sur aucun texte juridique. Le dernier exemple en date remonte au 19 novembre 2009, quand le quotidien Le Monde a annoncé que Nicolas Sarkozy envisageait de faire transférer les restes d'Albert Camus au Panthéon. Dès le lendemain, son fils, Jean Camus, s'est opposé à ce transfert, craignant une récupération politique.
Peut-on retirer quelqu’un du Panthéon ?
Oui, et cela s’est déjà produit comme cité ci-dessus dans le cas de Mirabeau. Généralement les personnes exclues du Panthéon le sont après un revirement de la vie politique. Les héros d'hier deviennent alors les ennemis du jour. La dépouille de Mirabeau fût remplacée par celle de Jean-Paul Marat, présenté comme martyr de la Révolution avant que ses restes ne soient exclus à leur tour du Panthéon.
Qui attend son entrée au Panthéon ?
Certains attendent leur transfert depuis trois siècles ! C’est le cas de René Descartes, dont le transfert a été décidé en 1792, Joseph Bara, héro de la révolution française dont le transfert a été voté en 1793 et enfin Joseph Viala, autre figure de la Révolution.
Pour en savoir plus : Le Panthéon, par Anne Muratori-Philip, éditions du patrimoine centre des monuments nationaux