LE PÉRIL JEUNE. Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls l'a détaillé dimanche dernier au micro d'Europe 1 : "700 Français ou individus résidant en France sont recensés et plus ou moins impliqués par rapport au conflit en Syrie". Parmi cette foule de plus en plus jeune, 250 combattent actuellement en Syrie, a-t-il précisé, tandis que 76 sont déjà revenus en France. Ces derniers sont particulièrement suivis par les autorités françaises. Que sait-on de ces djihadistes sur le retour ?
• Une dizaine d'individus en détention provisoire. En France, aujourd'hui, une dizaine d'hommes se trouvent en prison, en détention provisoire, parce qu'ils sont partis en Syrie. Des individus qui n'ont pas encore été jugés mais qui ont été arrêtés peu de temps après leur retour. La justice les soupçonne de s'être engagés en Syrie dans une logique terroriste : y mener le djihad et pas simplement pour libérer le peuple syrien du joug de Bachar Al-Assad. Des hommes qui sont assez jeunes dans leur ensemble. Parmi eux figure notamment un Franco-tunisien d'une vingtaine d'années. Originaire du nord de la France, le jeune homme n'a même pas atteint la Syrie. Il s'est blessé au pied en Turquie, apparemment dans un camp d'entraînement. Arrêté à la mi-octobre, il assure que son voyage avait une visée humanitaire.
• L'humanitaire, la parfaite couverture. L'humanitaire, c'est l'argument brandi par la plupart de ces hommes qui affirment qu'ils "en sont revenus", dans tous les sens du terme. A l'automne dernier, quatre hommes originaires du Val-de-Marne ont été cueillis au petit matin par la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI). L'un d'eux, quelque peu désœuvré, jure qu'il n'est pas parti pour poser des bombes mais par solidarité avec le peuple syrien. "Il a pris son sac à dos un peu comme d'autres partent au Népal", assure son avocat à Europe 1. "Mais la promiscuité, le manque d'hygiène, l'attente et les tâches qui lui ont été confiées ne lui ont pas plu", poursuit-il. Après deux mois en Syrie, l'homme a mis un terme à son aventure et est rentré en France.
• 70 hommes dans le viseur des services… A côté de cette dizaine de djihadistes présumés et incarcérés, une vingtaine d'individus sont dans le viseur de la section antiterroriste du parquet de Paris. Pour l'heure, ils n'ont cependant jamais été interpellés ni entendus. La DCRI enquête sur eux tout comme sur une cinquantaine d'autres revenants. Mais pour cette majorité, il s'agit de pur travail de renseignement : des dossiers qui ne sont pas encore assez riches pour être transmis à la justice.
…et un travail de renseignement ardu. Il faut comprendre que le travail a été rendu particulièrement difficile, dans les premiers temps, par la difficulté d'obtenir des remontés claires du terrain, en Syrie. Il est donc difficile de savoir précisément ce qu'ont vraiment fait ces suspects sur place. Sont-ils partis combattre au sein de l'Armée de Libération de la Syrie (ALS) dans une logique de révolution et de libération pure et simple ? Ont-ils, à contrario, voulu combattre pour installer un état islamique ? Dans le premier dossier du genre, il y a presque deux ans, le juge d'instruction en charge de l'affaire avait refusé de mettre un homme en examen... fautes d'éléments suffisants.
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