L'affaire autour des comptes de campagne 2012 de Nicolas Sarkozy rebondit. Deux protagonistes ont affirmé lundi que des prestations fournies par la société Bygmalion avaient été indûment facturées à l'UMP au lieu d'être imputées aux comptes de campagne du président-candidat. Mais souvenez-vous : les comptes de campagne ont déjà été invalidés. C'était en juillet 2013. Reste que les dépassements du plafond des dépenses évoqués, à l'époque, s'élevaient à 500.000 euros. Aujourd'hui, les sommes litigieuses tournent autour de 11 millions. Pourquoi un tel écart ? Comment se fait-il que la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politique soit passée à côté de ces sommes colossales ? Explications.
Des irrégularités pointées du doigt de longue date. Pour bien comprendre, il faut remonter au moment de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2012. A l'époque, la Commission de contrôle passe au crible une quarantaine de cartons et de documents. Et elle constate, par exemple, qu'une centaine de réunions de soutien n'ont pas été comptabilisées dans les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. "Il y avait plusieurs dizaines de réunions, auxquelles n'avait pas participé Nicolas Sarkozy personnellement, qui ne trouvaient aucune correspondance dans le compte. C'est probablement sur ces réunions que des factures de Bygmalion ont été imputées directement à l'UMP", confie François Logerot, président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, interrogé par Europe 1.
Mais difficile d'évaluer l'ampleur des détournements. Sauf qu'à l'époque, la Commission de contrôle n'a pas les moyens d'évaluer le coût de ces réunions non comptabilisées. Et elle n'a pas non plus les moyens, ni juridiques, ni humains, de vérifier une à une chaque facture de sous-traitants pour les gros meetings, comme celui de Villepeinte par exemple. Comme le rappelle François Logerot, la commission nationale des comptes de campagne est une Commission administrative et non pas un service de police.
"Il faudrait des centaines d'enquêteurs pour suivre les candidats à la trace pendant six mois. Par ailleurs, il nous faudrait des pouvoirs de police que nous n'avons évidemment pas. Nous sommes dans un état de droit, il y a des commissions administratives comme la nôtre, et puis, il y a la Brigade financière, qui a toutes les capacités pour perquisitionner, pour ouvrir des comptes bancaires, ce que nous ne pouvons pas faire. Mais, l'expérience prouve que tout finit par se savoir", réagit le président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.
L'enquête s'est accélérée après la plainte de Lellouche. A cause de la campagne électorale, l'enquête judiciaire a toutefois tardé à démarrer. Mais, depuis les révélations de Libération, policiers et magistrats attendaient un motif sérieux de lancer des perquisitions. Tout s'est donc accéléré, lundi, avec l'audition du député Pierre Lellouche, qui a démenti avoir participé à une convention "fantôme" de l'UMP, et a lui-même porté plainte pour "usurpation d'identité".
Les perquisitions lancées en fin d'après-midi au siège de l'UMP, de Bygmalion, et des clubs politique de Jean-François Copé et de l'une de ses proches, Michèle Tabarot, ont duré toute la nuit. Elles se sont achevées un peu avant 6 heures du matin mardi. Les policiers sont repartis avec plusieurs caisses de documents, de contrats et de factures de meetings. Les enquêteurs devraient prendre leur temps pour les éplucher avant d'interroger un à un tous les protagonistes de cette affaire.
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