Le blanchiment d'argent est dans la ligne de mire de Jean-Marc Ayrault. Le Premier ministre a détaillé lundi matin "une stratégie d'ensemble de lutte contre la criminalité organisée en Corse", dix jours après l'assassinat de l'avocat Antoine Sollacaro. Il a annoncé une série de dix mesures pour stopper "la dérive actuelle".
Les affaires "économico-financières" ciblées
Partant du constat que "les affaires économiques et financières sont à l'origine de la plupart des homicides" dans l'île, Jean-Marc Ayrault a indiqué qu'"une attention particulière sera portée à la lutte contre le blanchiment". Le Premier ministre a précisé que les domaines de l'immobilier et du sport seront particulièrement surveillés, tout comme les procédures de marchés publics, le "respect de la loi Littoral" et le trafic de drogue.
Parmi les dix mesures, figurent notamment "la création d'une cellule interministérielle de coordination". Animée par le cabinet du Premier ministre, elle décidera notamment "de missions d'inspection et de soutien au préfet de Corse et aux services territoriaux de l'Etat pour l'exercice de leur mission de contrôle", a déclaré Jean-Marc Ayrault. Elle "fixera aussi les axes du contrôle fiscal en Corse".
Plus de moyens pour les enquêteurs
Autre axe : "le renforcement des moyens d'enquête spécialisés". Ils doivent permettre d'"identifier les circuits mafieux et enquêter sur les mouvements de patrimoine et les flux financiers irréguliers".
Comme promis la semaine dernière, "une circulaire de politique pénale territoriale destinée spécifiquement à la Corse sera bientôt signée", a poursuivi le Premier ministre. Son objectif sera de renforcer la coordination entre les parquets d'Ajaccio et de Bastia - qui sera renforcé en juges d'instruction-, la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille et le parquet anti-terroriste de Paris. Des "réunions de régulation" seront organisées pour "accélérer" le traitement des affaires.
"S'interroger sur les racines de cette violence"
Manuel Valls et Christiane Taubira se rendront en Corse le mois prochain, a aussi annoncé le Premier ministre, qui en a directement appelé à "l'esprit de responsabilité" des habitants de l'île. "Trop d'affaires ne sont pas élucidées parce que les victimes ou les témoins ont été intimidés. Trop de conflits sont réglés par la violence. Trop d'armes circulent en Corse. Chacun doit aujourd'hui s'interroger sur les racines de cette violence", a demandé Jean-Marc Ayrault.