Cour des comptes : un "rapport objectif"

© EUROPE 1
  • Copié
, modifié à
Didier Migaud, à la tête de la Cour des comptes, a répondu à Claude Guéant, sur Europe 1.

"Ce rapport est exact et objectif". Depuis la parution, jeudi soir, du dernier rapport de la Cour des comptes, Didier Migaud doit se justifier et répondre aux vives critiques formulées par le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant.

"Je peux comprendre la réaction d’un ministre mais peut être que ses collaborateurs lui ont donné une lecture de notre rapport qui ne correspond pas à la réalité", a réagi Didier Migaud sur Europe 1.

Consacré aux questions sécuritaires, le dernier rapport de la Cour des comptes épingle la gestion des forces de sécurité et met en doute les chiffres de la délinquance depuis 2002. La réponse du gouvernement et de la majorité ne s’est pas fait attendre, d’autant que la sécurité est l’une des pierres angulaires de la présidence Sarkozy.

"Nous ne nous substituons pas au politique"

Face aux reproches de Claude Guéant, le premier président de la Cour des Comptes a dû rappeler les méthodes de travail de l’institution, basées sur la confrontation des analyses et un travail collectif.

"La Cour a 200 ans d’histoire et ses procédures remontent aussi à très longtemps. Ces procédures c’est la contradiction et la collégialité. Parmi nos règles de déontologie, il y a l’impartialité", a-t-il rappelé.

Et Didier Migaud d’ajouter : "l’opinion partisane ne rentre absolument pas en compte" :

Une manière de répondre aux piques du ministre de l’Intérieur, qui a fustigé "un nombre important d'inexactitudes, d'erreurs d'analyse, d'oublis et d'appréciations manquant d'objectivité".

Des statistiques de la délinquance à "affiner"

"La Cour ne conteste absolument pas les chiffres du ministre, elle s’interroge, elle formule des observations sur la pertinence des indicateurs, et notamment de l’agrégat sur la délinquance générale", a poursuivi Didier Migaud à propos des statistiques de la délinquance.

"Cet agrégat n’est pas toujours pertinent pour apprécier la réalité de la situation. Donc il faut l’affiner et d’ailleurs le président de l’Observatoire national de la délinquance, Alain Bauer, dit la même chose", a-t-il ajouté, estimant qu'on ne peut pas mettre sur un même plan les agressions physiques et les vols de biens.

Pas de vidéosurveillance massive sans "évaluations au préalable"

Le premier président de la Cour des comptes a ensuite évoqué la vidéosurveillance, l’une des priorités du ministère de l’Intérieur. "Il faut évaluer les résultats de (cette) politique", a-t-il estimé.

"Parfois, des autorisations sont données à la limite de la réglementation, (...) donc nous appelons à une vigilance et au respect des règles et nous disons : 'il faut évaluer les résultats de cette politique'. On ne peut pas engager un programme d’investissements lourds si on n’a pas fait au minimum un certain nombre d’évaluations au préalable", a mis en garde Didier Migaud.