Frédéric Aupérin, 47 ans, a été reconnu coupable d'actes de torture et de barbarie et de violences volontaires sur personne particulièrement vulnérable. L'animateur d'un "séjour de rupture" en Zambie, où un adolescent fragile de 15 ans avait trouvé la mort en 2003 des suites d'une crise d'épilepsie après de mauvais traitements, a été condamné, vendredi, à une peine de 9 ans de prison par la cour d'assises des mineurs du Finistère.
Une peine plus lourde que les réquisitions
A l'annonce du verdict, Frédéric Aupérin, qui a été placé sous mandat de dépôt, est resté totalement impassible. Le père de la victime, Eric Driancourt, s'est déclaré satisfait à l'issue de l'audience. Jeudi, l'avocat général avait requis huit ans à l'encontre de l'ancien militaire, qui comparaissait libre depuis le 21 septembre. La peine prononcée est donc plus lourde que ce qui avait été demandé.
Cyril Driancourt, un adolescent difficile, atteint d'un léger retard mental, avait été confié à l'Aide sociale à l'enfance (ASE) du Finistère sur ordonnance du juge pour enfants de Brest, après des violences et une fugue de son école spécialisée. L'ASE l'avait ensuite confié en urgence à l'association parisienne Vagabondage spécialisée dans la prise en charge d'adolescents en difficulté. Mais peu après son arrivée en Zambie, le jeune était devenu le souffre-douleur de ses camarades et de l'éducateur, un ancien militaire.
Le directeur de Vagabondage, Robert Antraygues, 68 ans, reconnu coupable d'homicide involontaire, a été condamné à trois ans de prison dont un an avec sursis. Le ministère public avait requis trois ans de prison assortis d'un sursis partiel ou total. "Vous avez donné un quitus et conforté Frédéric Aupérin dans ses méthodes, que vous n'approuvez pas, mais "ça marche"", avait déclaré jeudi l'avocat général.
Deux stagiaires condamnés
Parmi les deux stagiaires coaccusés de Frédéric Aupérin, mineurs au moment des faits, J., qui a été reconnu coupable d'actes de torture et de barbarie et de violences volontaires, a été condamné à une peine de deux ans de prison avec sursis et obligation de soins. Le second jeune, S., reconnu également coupable d'actes de torture et de barbarie, a été condamné à un an de prison avec sursis et obligation de soins.
Frédéric Aupérin a également été reconnu coupable de "violences volontaires avec armes" sur sept stagiaires dont S. et J. qui étaient partie civile dans ce procès. L'association Vagabondage a été condamnée à une amende de 150.000 euros d'amende et à une interdiction définitive d'exercer avec des mineurs.
Jeudi, les avocats de la défense, soulignant la "légèreté" des procédures de contrôle, ont accablé les services de l'enfance du conseil général du Finistère qui avaient "la responsabilité principale" de Cyril. Le département du Finistère, sous le coup d'une plainte avec constitution de partie civile des parents de Cyril, avait bénéficié d'un arrêt des poursuites et s'était ensuite constitué partie civile contre Vagabondage. Depuis le drame, les procédures de contrôle ont été révisées.