L'info. Les juges d'instruction n'ont finalement pas suivi les réquisitions de non-lieu en faveur de Dominique Strauss-Kahn dans l'affaire du Carlton. Ils ont décidé de renvoyer l'ancien patron du FMI devant la justice pour "proxénétisme aggravé en réunion", a annoncé le procureur de Lille vendredi. Un des avocats de DSK, Me Richard Malka, dénonçant l'"acharnement" contre leur client, a indiqué qu'ils iraient "sereinement devant le tribunal correctionnel pour démontrer l'absurdité et l'aberration de ce grief de proxénétisme aggravé". DSK risque théoriquement jusqu'à 10 ans prison et 1,5 million d'euros d'amende.
14 personnes jugées. DSK sera jugé devant un tribunal correctionnel. Douze autres personnes, dont le fameux "Dodo la Saumure", les dirigeants de l'hôtel Carlton de Lille, des prostituée, ou encore encore l'ancien patron de la police du Nord, sont elles aussi poursuivies pour le même chef d'accusation. Une quatorzième personne mise en examen dans le dossier est, elle, renvoyée pour "complicité d'escroquerie et d'abus de confiance". Certains des mis en examen sont également renvoyés pour "escroqueries", "recel d'escroqueries", "abus de confiance" et "abus de biens sociaux", a indiqué le parquet de Lille dans un communiqué, sans plus de précisions.
Les juges d'instruction lillois ont abandonné la qualification criminelle de "bande organisée", qui aurait pu justifier un renvoi devant les assises, ainsi que l'infraction d'"association de malfaiteurs", conformément aux réquisitions du parquet.
"Ce renvoi est absurde". Pour Me Frédérique Beaulieu, l'une des avocates de DSK, cette décision "n'est pas une surprise puisque depuis le départ nous avions compris que les magistrats instructeurs n'avaient comme seul objectif que de renvoyer M. Strauss-Kahn devant un tribunal". "L'accusation, qu'est le parquet, considère qu'il n'y a pas d'infraction, la défense considère qu'il n'y a pas d'infraction. Qu'on aille au débat public et tout le monde verra à quel point ce renvoi devant un tribunal alors qu'il n'y a pas d'accusation est une chose absurde", a-t-elle estimé sur Europe 1. "Bien évidemment nous sommes prêts à nous expliquer devant un tribunal. DSK est un citoyen, s'il doit comparaître devant un tribunal, il comparaît devant un tribunal et il s'explique. Il n'y a pas de difficulté là-dessus", a assuré l'avocate.
"Principal bénéficiaire" mais "pas proxénète". Le parquet, qui avait requis le 11 juin un non-lieu en faveur de l'ancien patron du FMI, n'a pas encore précisé s'il ferait appel de la décision. Dans son réquisitoire, le parquet estimait que si DSK était le "principal bénéficiaire" des soirées avec des prostituées, "cela n'en fait pas pour autant un proxénète".
"Un système fondé sur la complaisance". Dominique Strauss-Kahn avait été mis en examen le 26 mars 2012 pour "proxénétisme aggravé en bande organisée", les juges le considérant comme auteur principal de l'infraction présumée, mais le parquet n'avait requis qu'une mise en examen pour "complicité". La cour d'appel de Douai avait rejeté le 19 décembre la demande d'annulation de la mise en examen de DSK, validant ainsi l'instruction des juges. Dominique Strauss-Kahn aurait "initié et largement favorisé en toute connaissance de cause la mise en place d'un système fondé sur la complaisance de son entourage immédiat dans le but de satisfaire ses besoins sexuels", avait ainsi estimé la cour d'appel.
L'ancien patron du FMI est soupçonné d'avoir des liens avec un réseau de prostitution réunissant policiers, hommes d'affaires proches du PS et un proxénète belge, "Dodo la Saumure", pour organiser des soirées libertines notamment à Washington la veille de son arrestation dans l'affaire du Sofitel de New York. Alors que la justice le soupçonne de "proxénétisme", DSK de son côté parle de "libertinage". Il a toujours soutenu qu'il ignorait avoir affaire à des prostituées, soulignant d'ailleurs qu'il n'a jamais payé pour ces soirées.