Malgré le coup de théâtre de vendredi et la remise en liberté sur parole de l’ex-patron du FMI, les féministes étaient mobilisées à Evry (Essonne) ce week-end pour défendre une autre parole, celle des victimes. Une quarantaine d’associations, dont le Planning Familial ou encore Osez le Féminisme, s'étaient réunies dans le cadre de leurs premières "Rencontres d'été".
Sur l’affaire DSK, les avis divergent
Ce week-end, dans les ateliers comme à la tribune, très peu de d’allusions ont été faites aux révélations sur Nafissatou Diallo, la femme de chambre qui a accusé Dominique Strass-Kahn d'agression sexuelle. "C’est un coup dur", a toutefois reconnu une militante. "En tant que féministe, ça m’a déçue de penser que cette femme avait menti", dit une autre.
Un avis loin d’être partagé par toutes. "Les faits restent les faits", estime une participante. "Quand bien même elle serait voleuse, menteuse, une personnalité crédible ou pas ne change rien au fait qu’on a été agressé sexuellement". Pour une membre du Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV), peu importe si la plaignante a menti ou non, l’essentiel est que la parole se libère, a-t-elle estimé. "Cet élan de respect pour cette femme est quelque chose qui ne s’effacera pas, en tout cas pas de l’esprit de celles qui ont subi les mêmes violences", a-t-elle expliqué à Europe 1.
D’autres associations ont tout simplement préféré ne pas s’exprimer. "Si elle a menti sur toute la ligne, ça va devenir très compliqué", a estimé une féministe. Ces associations étaient montées récemment au créneau pour dénoncer des commentaires sexistes tenus en France en marge de l'affaire Dominique Strauss-Kahn, et avaient notamment demandé que ne soit pas dénigrée la parole de sa victime présumée.
9 propositions pour l’égalité
L'objectif du rassemblement était d'interpeller les candidats à la présidentielle de 2012 pour qu'ils prennent des engagements concrets pour l'égalité femmes-hommes, selon les organisatrices, satisfaites d'avoir attiré "environ 600 participants" lors du week-end.
Neuf propositions ont été formulées par les associations, dont le retour d'un ministère des Droits des femmes, ou encore l'égalité salariale sous peine de sanctions. "Le fait d’avoir sorti un texte commun, qui a été discuté par des centaines de femmes, amendé réellement, sur lequel on est d’accord et qui porte des revendications claires, c’est quelque chose sur lequel les politiques vont être amenés à se prononcer", a expliqué à Europe 1 Françoise Picq, chercheuse et féministe depuis 40 ans.