BATAILLE. Le Conseil d’État doit se pencher jeudi le sort de Vincent Lambert, cet homme de 38 ans, tétraplégique en état végétatif chronique hospitalisé à Reims depuis six ans, sans espoir d'amélioration. Ses médecins et sa femme pensent qu'il faut arrêter les soins et le laisser mourir, une décision contestée en justice par ses parents. Le 16 janvier dernier, le tribunal administratif de Chalons-en-Champagne a refusé de suivre les directives des médecins, en décidant son maintien en vie. L'épouse du patient, son neveu et Le CHU de Reims ont donc saisi la plus haute juridiction administrative en référé. En attendant que le Conseil d'Etat ne statue, l'audience publique est fixée jeudi à 10h30, les relations sont toujours aussi compliquées entre les différents membres de la famille de Vincent Lambert.
>> Europe 1 a enquêté en amont de l'audience publique, découvrant que sa chambre d'hôpital est devenue un lieu de grande tension.
Chassé-croisé tendu dans la chambre d'hôpital. Au cours des derniers jours, il y a presque eu embouteillage dans la chambre de Vincent Lambert. Sa femme, Rachel, qui est là tous les jours depuis cinq ans doit maintenant cohabiter quotidiennement avec ses beaux-parents. Et il arrive qu'ils se croisent, même s'ils font tout pour l'éviter. A cette présence de tous les jours s'ajoutent également les visites des frères et sœurs. "C'est comme si tout le débat de la fin de vie se jouait dans cette chambre", confie un proche à Europe 1.
"Ce remue-ménage ne l'aide pas à être serein". Toutes les visites sont très surveillées par l'équipe médicale. Une caméra a même été installée devant la porte de la chambre. Un ensemble de dispositions qui créent une ambiance particulièrement tendue, confie François, le neveu de Vincent, au micro d'Europe 1. "J'y étais pendant le temps où on y installait une serrure avec des clefs électroniques qui sont uniquement aux mains des infirmières", décrit-il. "Elles doivent prendre nos noms et nos prénoms avec nos papiers d'identité avant que l'on entre. Elles doivent également regarder Vincent avant et après notre visite pour voir son état et vérifier que l'on ne l'ait pas touché", raconte le neveu du patient.
"C'est un dispositif qui doit permettre d'éviter les journalistes, éviter les gens qui se prétendent de la famille et qui veulent aller prier dans sa chambre et qui ne sont pas du tout de sa famille", nuance-t-il. "Je pense que tout ce remue-ménage autour de lui ne l'aide pas à être serein", regrette-t-il cependant.
Des réactions en forme de refus ? De leur côté, les médecins expliquent qu'il y a très peu de chances que Vincent comprenne les paroles qui lui sont adressées et ait conscience de ce qu'il se passe autour de lui. Mais son corps, lui, peut ressentir et même exprimer des choses. C'est d'ailleurs régulièrement le cas. Au moment de certains soins, Vincent se crispe et peut s'arc-bouter. Il lui est même arrivé de se laisser tomber. Des signaux qui, pour l'équipe médicale, peuvent être interprétés comme un refus de soin.
Un jugement sous 48 heures, ou plus. Le Conseil d’État, dispose d'un délai de jugement de 48 heures. Mais ce délai est purement indicatif et peut être dépassé quand le cas ne relève pas de l'urgence. Le juge pourra également renvoyer l'affaire pour un examen collégial à l'issue de l'audience ou dans les jours suivants au vu de la difficulté du cas posé par Vincent Lambert.
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