Avec les tarifs de la téléphonie mobile, c’est l’une des principales priorités des associations de consommateurs : le prix et la qualité de l’eau. Cette fois-ci, c’est l’UFC-Que Choisir qui tire la sonnette d’alarme : près de deux millions de personnes en France reçoivent une eau non conforme aux réglementations car trop polluée, dénonce l’association de consommateurs.
Les petites communes concernées
"Il y a près de deux millions de consommateurs qui paient pour de l'eau significativement polluée", a dénoncé mardi Sylvie Pradelle, administratrice nationale de l'association, tout en précisant que pour 97,5% de la population "globalement, l'eau est de bonne qualité grâce à la réglementation".
Si quasiment aucune pollution n'est relevée dans les grandes villes ou les villes de taille moyenne, 2.750 communes reçoivent de l'eau non conforme en France métropolitaine, essentiellement dans des zones d'agriculture intensive.
Deux ans d’étude, commune par commune
L'association base sa mise en garde sur une enquête qu'elle a menée à partir des résultats d'analyses du ministère de la Santé, commune par commune, sur deux ans. Elle a passé ses résultats au crible de six critères "traduisant les principales contaminations".
Il en ressort que les pesticides sont responsables de 60% des pollutions d'origine agricole, un constat d’autant plus inquiétant que leur utilisation dans l'agriculture "n'a pas diminué en 10 ans". L’autre source de pollution agricole est à aller chercher du côté des nitrates, un problème qui concerne principalement le nord du pays.
Les zones les plus touchées sont le Bassin parisien, le Nord, la Vallée du Rhône et le Sud-Ouest. Quant aux communes les plus peuplées recevant de l'eau polluée, il s’agit de Sens, dans l’Yonne, et Lisieux, dans le Calvados.
L’UFC-Que choisir prône le système "pollueur-payeur"
Bien qu’aucune étude médicale ne l’ait pas encore démontré, cette exposition sur le long terme à différents pesticides pourrait causer cancers et troubles de la reproduction, s’inquiète l’association. Seule certitude, la France fait actuellement l'objet de poursuites de Bruxelles pour son incapacité à lutter contre cette pollution.
Pourtant, les solutions existent mais elles ont un coût : un surcoût de 7 à 12% de la facture d'eau, supporté à 90% par les consommateurs. "Pour nous, il y a urgence à agir" car "l'avenir ne peut pas être l'eau en bouteille", qui coûte 133 fois plus cher que l'eau du robinet, souligne Alain Bazot, président de l'UFC-Que choisir.
L’association réclame donc "une protection efficace de tous les captages", "une application du principe pollueur-payeur dans le domaine des pollutions agricoles" et que "les aides de la politique agricole commune (PAC) soient réservées aux modes de production s'inspirant des agricultures intégrées et biologiques". "On ne stigmatise pas les agriculteurs mais la politique agricole", précise Alain Bazot, pour qui "une façon de sauver la PAC est d'y ajouter une logique environnementale".