Loin de reculer, la pauvreté et l'exclusion progressent en France. Plus de 11 millions de Français sont touchés par le phénomène, sous toutes ses formes, affirme un rapport publié jeudi. Si la France a, dans un premier temps, plutôt bien résisté à la crise, ses conséquences se font maintenant sentir et elles sont "lourdes, multiples et échelonnées dans le temps", note ainsi l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion (Onpes).
Le rapport compile une vingtaine d'indicateurs datant de 2009, dernière année disponible. Les 11,2 millions de personnes touchées le sont par la "pauvreté monétaire", par des "privations matérielles sévères" ou une "très faible intensité de travail". En tout, 700.000 cumulent ces trois indicateurs.
La grande pauvreté en hausse
En 2009, la France a retrouvé son taux de pauvreté de 2000, à 13,5%, alors qu'il avait un peu baissé en 2004, atteignant 12,6%. Dans le détail, 8,2 millions de personnes vivaient en 2009 avec 954 euros par mois, soit moins de 60% du niveau de vie médian.
Et Jérôme Vignon, président de l'Onpes, note une "montée indéniable de la grande pauvreté" : près de deux millions de personnes vivaient en 2009 avec moins de 640 euros mensuels, ce qui représente 3,3% de la population française. Un taux en "nette progression", puisqu'il était de 2,7% en 2000 et 2,5% en 2004.
"Halo du chômage"
Le rapport se penche aussi sur le profil des exclus. Certaines catégories de la population sont en effet particulièrement vulnérables, notamment les familles monoparentales, qui représentent près de 30% des pauvres. Suivent ensuite les jeunes (22,5%) et les femmes âgées (environ 15%).
Les personnes en situation de grande pauvreté subissent un "cercle vicieux". Une fois pris dans le "halo du chômage", il est difficile d'en sortir, "en raison du cumul de handicaps lourds, notamment en matière de santé, d'éducation et de logement".
L'emploi ne protège plus autant
Quant à l'emploi, il "n'est plus une condition suffisante pour franchir le seuil de pauvreté". L'Onpes s'inquiète ainsi du sort des travailleurs peu qualifiés, qui ont peu de chance d'accéder à un emploi "durable et de qualité".
Pour 2012, l'Observatoire n'est pas optimiste et s'attend, à défaut d'un soutien spécifique aux travailleurs pauvres, à une augmentation "sensible" de la pauvreté. Le message n'est toutefois pas entièrement alarmiste et l'Onpes estime que le système de protection sociale à la française demeure efficace, puisque les prestations sociales permettent de "réduire de huit points la part des personnes sous le seuil de pauvreté".