EXCLU E1- La Cour de cassation a autorisé une nouvelle façon d’exploiter l’ADN, plus en profondeur. Cette technique permet de fournir "une photo" précise d'un individu recherché.
Réaliser un portrait robot grâce à une "simple" trace ADN. La Cours de cassation vient d’autoriser cette révolution pour les enquêtes de police, rendue possible grâce à l'exploitation de nouveaux marqueurs génétiques. Désormais, les enquêteurs vont pouvoir en apprendre beaucoup plus sur le profil des suspects ayant laissé une trace mais ne figurant dans aucun fichier. Pour en savoir plus, Europe 1 s’est rendu dans le saint des saints de la police scientifique en France : le laboratoire de l’Institut National de Police Scientifique (INPS), à Ecully, dans le Rhône.
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Comment ça marche ? Jusqu'à présent, le seul intérêt de disposer d’une trace ADN consistait en la possibilité de vérifier si ce profil était fiché, s’il "matchait", dit-on dans le jargon policier. Désormais, il est possible d’établir un portrait robot à partir d'une simple tache de sang, de salive, de sperme, et même à partir d'une trace laissée sur une poignée de porte. Les experts de la police scientifique pourront ainsi explorer un ADN inconnu en profondeur.
"On regarde certaines régions caractéristiques de l’ADN qui peuvent être associées à une couleur d’yeux ou une couleur de cheveux particulière. Donc on peut avoir une certaine confiance dans le fait que la personne à qui appartient ce profil a, par exemple, les yeux marrons et les cheveux noirs ", explique au micro d’Europe 1, François-Xavier Laurent, ingénieur de police scientifique au laboratoire d'Ecully.
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Sexe, couleur des yeux et des cheveux. Voici comment se présente un exemple de "ce portrait robot". Dans ce cas précis, la personne recherchée est un homme, de type européen, qui a 95% de chances d'avoir les yeux marrons et 99% d'avoir les cheveux bruns ou châtains.
>> Un exemple de "portrait robot génétique" :
Et bientôt pourront même s'ajouter d'autres traits du visage, explique le chef de la division Identification à l’INPS, Laurent Pene : "par exemple la couleur de le peau, la présence de tâches de rousseur ou de calvitie. L’étape d’après consiste à s’intéresser à la morphologie du visage et d’arriver vraiment à un portrait robot dans le sens où on l’entend aujourd’hui", précise-t-il.
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Une avancée considérable pour des affaires non-résolues. Dans l'ADN, on peut ainsi distinguer jusqu’à l'écartement entre les yeux, la taille de la mâchoire, la forme de l'oreille… Et les progrès possibles sont considérables. Pour le directeur de l'INPS, Frédéric Dupuch, cette pratique va offrir de nouvelles pistes dans des affaires complexes. "Sur des affaires criminelles où l’on dispose d’une trace ADN et dont l’auteur n’a sans doute jamais été pris avant puisque son profil génétique n’est pas retrouvé au fichier, on pourra aider les enquêteurs. C’est un outil qui permet de cibler les suspects, pas de les identifier", insiste-t-il.
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Cette technique pourrait désormais être rapidement utilisée dans une affaire de viol, à Limoges. A l'étranger la technique a déjà fait ses preuves. Aux Pays Bas, en Espagne aussi, après les attentats de Madrid, cet outil avait contribué à orienter l'enquête : la piste ETA avait été écartée, puisque l'ADN trouvé avait une origine non-européenne.