Après la polémique, le Stif va devoir faire machine arrière. Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, a affirmé mardi que le Syndicat des transports d'Île-de-France (Stif) allait revoir l'attribution critiquée du marché de l'un de ses centres d'appel. Cet appel d'offres a en effet été remporté par un prestataire implanté au Maroc, au grand dam de la société française Webhelp, qui travaillait pour le Stif depuis 2006.
Arnaud Montebourg dit avoir téléphoné lui-même à Jean-Paul Huchon, le président de la région Île-de-France, à ce titre responsable du Stif. "Celui-ci, qui s'est exprimé de façon tout à fait nette, reprendra ce marché", a assuré le ministre.
"Critère de proximité culturelle"
Pour Webhelp, où 80 emplois sont menacés par la délocalisation, la partie n'est toutefois pas gagnée, car un appel d'offres ne s'annule pas facilement. La société marocaine qui a gagné le marché pourrait notamment s'estimer lésée et contre-attaquer. Pour le patron de Webhelp, Frédéric Jousset, qui souhaite "relancer l'appel d'offres", il est important de tout remettre à plat.
"Il n'y avait aucun critère précis ayant trait aux populations qui devaient faire cette prestation, à part le critère de proximité culturelle, qui, tourné comme ça, veut tout et rien dire et ne suffit pas pour disqualifier des réponses en dehors de l'Union européenne", explique-t-il au micro d'Europe 1.
Mais la réglementation européenne interdit toute référence à une quelconque préférence nationale ou communautaire. "Imposer par exemple que le centre d'appels soit localisé en France, c'est impossible", estime Manuel Jacquinet, spécialiste de l'économie des centres d'appels.
Imposer un diplôme français
"Par contre on pourrait très bien imposer que sur une partie de la prestation les gens aient un diplôme de téléconseiller", poursuit-il, notant que ces diplômes existent en France depuis 2001. "C'est tout à fait possible de l'utiliser et de garantir grâce à ça qu'une partie des appels vont être traités par des gens qui ont été formés et diplômés en France".
Quelle que soit la solution retenue, la révision de l'appel d'offres prendra du temps : d'après les juristes spécialisés, le chantier juridique qui s'ouvre risque de durer plusieurs mois.