Dénoncer les candidats au djihad ? Les musulmans partagés

Des fidèles prient à Paris, en avril 2012.
Des fidèles prient à Paris, en avril 2012. © Reuters
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et François Geffrier , modifié à
ISLAM - Le gouvernement compte sur l'aide de la communauté pour prévenir la radicalisation.

Un plan anti-djihad. C'était sa première sortie en tant que responsable des cultes depuis son arrivée au ministère de l'Intérieur. En cette période de ramadan, Bernard Cazeneuve a participé à la rupture du jeûne, lundi soir à la grande mosquée de Paris. Le ministre présentera mercredi en conseil des ministres un projet de loi visant à renforcer la lutte anti-djihad. Et il compte sur l'aide des familles, notamment pour repérer d'éventuels candidats à un départ pour la Syrie. Mais au sein de la communauté musulmane, les fidèles sont partagés sur l'attitude à adopter s'ils observent un tel comportement.

Dalil Boubakeur, recteur de la grande Mosquée de Paris  930x620

Un rôle de prévention. Dalil Boubakeur (photo), recteur de la grande mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman (CFCM), est sur la même ligne que Bernard Cazeneuve. "Je pense que nous comptons absolument sur les pères, les mères, les grands frères pour juguler un tel fléau", affirme-t-il au micro d'Europe 1.

Pas question de jouer les "indics". Mais d'autres responsables musulmans ne partagent pas cette position. Pour eux, pas question de jouer les auxiliaires de police en dénonçant un membre de la communauté. Pour Abderrahmane Dahmane, qui préside l'association Conseil des démocrates musulmans de France, "il n'y a pas d'indicateur dans la communauté. La police n'a qu'à faire son travail, et ce n'est pas parce que deux ou trois individus ont décidé d'aller faire du djihad que toute la communauté se sent responsable de trois crétins".

Aider les familles. Des "crétins" qui sont, en réalité, bien plus nombreux que cela : les services estiment que 800 Français se sont rendus en Syrie pour faire le djihad. Mais Antar Boudiaf, enseignant en robotique, relativise ce chiffre au micro d'Europe 1, le rapportant aux cinq millions de musulmans présents en France. Il estime surtout qu'inciter les familles à aider les pouvoirs publics, c'est risquer de prendre le problème à l'envers, car les jeunes qui se radicalisent sont ceux qui manquent de repères, notamment parce que leur famille est fragile. Pour lui, "c'est plutôt les familles, qui sont dans un désarroi complet, qui ont besoin des pouvoirs publics".

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