La communauté scientifique est en colère. 300 chercheurs ont signé une pétition contre les frères Bogdanov, célèbres animateurs de télévision et vulgarisateurs scientifiques, qui ont fait condamner le cosmologiste Alain Riazuelo, très critique à l'égard de leurs travaux. Sur son site, il avait publié une version initiale de la thèse de Grichka Bogdanov sans sa permission, rappelle Ciel et Espace.
Pour les jumeaux, cela ne constitue pas une injure ou une diffamation, mais... une violation du droit d'auteur. Le chercheur a écopé, le 14 mars dernier, d'un euro de dommages et intérêts et de 2.000 euros d'amende avec sursis. Depuis plusieurs années, Alain Riazuelo s'attelle en effet à critiquer les travaux des frères Bogdanov, déjà sévèrement étrillés en 2003 par un rapport du CNRS, rendu public en 2010 par Marianne.
"Pas de valeur scientifique"
Le constat sur les thèses des deux jumeaux était alors sans appel : "ces thèses n'ont pas de valeur scientifique", affirmait ainsi le Comité national de l'organisme de recherche. Cette publication avait valu à l'hebdomadaire deux plaintes des animateurs de Temps X ou encore Rayons X.
Face aux critiques d'Alain Riazuelo, Igor Bogdanov assure, selon Le Monde, que "la violation du droit d'auteur était notre dernier moyen de le faire taire pour qu'il cesse de se comporter comme un délinquant". L'impact de la critique est toutefois resté limité, puisque seules 62 personnes ont cliqué sur la thèse pour la consulter, note Le Figaro.
"Droit de blâme"
Indignés par l'attitude des Bogdanov, les chercheurs signataires de l'appel publié dans Ciel et Espace assurent que la décision de justice "ne doit en aucun cas être interprétée comme une condamnation de l'analyse qu'Alain Riazuelo a faite de ce document". "L'analyse détaillée des thèses et articles publiés par les frères Bogdanov a montré à l'envi qu'ils n'ont pas de valeur scientifique", soutiennent les chercheurs.
Et la communauté scientifique de conclure son appel par la défense du "droit, voire [du] devoir de blâme, lorsqu'il s'impose" et la "liberté de pouvoir argumenter ses jugements comme il lui semble, liberté qu'aucune pression, médiatique, policière ou judiciaire, ne doit altérer".