Des crèches clandestines au coeur de Marseille

Un problème récurrent puisque dans l'hyper centre, il n'existe que 180 places pour 40.000 habitants.
Un problème récurrent puisque dans l'hyper centre, il n'existe que 180 places pour 40.000 habitants. © Max PPP
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Nathalie Chevance avec C.C. et AFP , modifié à
Une nouvelle crèche a été démantelée sur fond de pénurie d'accueil pour les jeunes enfants.

La révélation mardi d'une nouvelle affaire de crèche clandestine à Marseille a relancé le débat sur la pénurie de places d'accueil des tout-petits. L'opposition PS a appelé la mairie UMP à "réagir" là où celle-ci estime "ne pas avoir à rougir". Un problème récurrent puisque dans l'hyper centre, il n'existe que 180 places pour 40.000 habitants.

Lundi, une sexagénaire qui accueillait, sans agrément, jusqu'à 14 enfants dans son appartement de 140 m2 au centre-ville, a été placée en garde à vue avant d'être remise en liberté pour être jugée ultérieurement.

La nounou avait perdu son agrément

crèche marseille 930-100

© Max PPP

Des policiers de la Sûreté départementale sont intervenus après un signalement de la Protection maternelle et infantile (PMI). L'enquête vise des faits de "travail illégal par dissimulation d'activité, d'escroquerie à la caisse d'allocations familiales et de fraude fiscale". Selon France Bleu Provence, la gérante serait une nounou de longue date qui avait perdu son agrément en 2001. Faute d'avoir pu le récupérer en 2004, elle avait ensuite monté une structure clandestine. Une dizaine d'enfants aurait alors été accueillie entre 2005 et 2008. A partir de 2009, la structure se serait développée avec l'arrivée de quatre assistantes non déclarées.

Fin juin, une structure similaire avait déjà été fermé et sa responsable, une ancienne infirmière de 59 ans, renvoyée devant le tribunal correctionnel de Marseille pour "travail dissimulé". De 15 à 25 enfants étaient gardés pour 17 euros par jour dans un appartement de 50 m2.

"Profiter de la misère des gens"

A l'époque, des parents qui confiaient leurs enfants à cette infirmière s'étaient alors justifiés en dénonçant "le manque criant de crèches" à Marseille. Le débat est relancé entre l'opposition PS et la majorité UMP.

"Il faut aller travailler le matin. Mais où mettre son enfant ? Vous êtes bien obligés de trouver une solution. A la pénurie, s'ajoute l'opacité de l'attribution des places. Et on sait, dans cette ville, que si vous n'êtes pas cousin avec un tel, proche de tel ou tel syndicat, si vous n'êtes pas dans ces réseaux-là, vous êtes dans l'embarras. En tout cas, ce n'est pas un système normal", a affirmé sur Europe1, Morgane Turc, l'adjointe en charge de l'enfance du maire (PS) du 1er secteur Patrick Mennucci.

Le risque est que, selon elle, les crèches illégales "pullulent" et "fleurissent". "Des gens vont chercher à profiter de la misère des parents et chercher à en faire un profit", a déploré Morgane Truc.

Faciliter l'agrément

Pour l'élue, le manque de places en crèche et en maternelle maintient des enfants de plus de trois ans dans des modes de gardes déjà engorgés. Patrick Mennucci, chef de file du PS au conseil municipal, a appelé la mairie "à réagir et à prévoir des investissements dans le budget rectificatif 2012".

En retour, son homologue de l'UMP Yves Moraine a appelé Patrick Mennucci à "demander à l'Etat socialiste de créer des places de crèche à Marseille", rappelant que les ouvertures ne dépendaient pas uniquement de la mairie mais aussi du département et de la CAF. L'élu explique le recours aux structures illégales notamment par le fait qu'elles "reviennent moitié moins chères" aux parents qu'une crèche conventionnelle. "Il y a des solutions", a-t-il affirmé pour rassurer les parents sans mode de garde.

Afin de limiter le développement de ces "marchands de la petite enfance", d'autres élus marseillais n'hésitent pas à affirmer qu'il faudrait faciliter l'obtention d'agrément pour les structures clandestines qui existent depuis des années.