Opposés à l'installation d'une ligne à très haute tension, ils ne voulaient pas assurer la tenue du scrutin législatif dans leur commune. Mais la préfecture de la Manche les y a obligés, en les réquisitionnant. Alors les dix membres du conseil municipal du village du Chefresne, 310 âmes, ont décidé de démissionner samedi soir.
"Le conseil municipal a décidé en bloc de démissionner après que les gendarmes ont débarqué dans l'après-midi chez tous les conseillers municipaux avec des ordres de réquisition", a raconté à l'AFP le maire Jean-Claude Bossard, en place depuis 2001 et ancien candidat d'EELV aux régionales, en 2010.
"Une arrestation arbitraire et politique"
Si ces élus voulaient boycotter les législatives, c'était donc pour protester contre la ligne à très haute tension (THT) du futur réacteur EPR de Flamanville, dont le tracé, en cours de construction, la fait passer "à moins de 150 mètres" des habitations du Chefresne, selon le maire.
Le boycott du scrutin avait ainsi été décidé vendredi soir, à l'unanimité, alors que Jean-Claude Brossard avait passé douze heures en garde à vue mercredi. "Nous sommes indignés de mon arrestation arbitraire et politique, explique-t-il, alors que, ceint de mon écharpe, je voulais faire respecter un arrêté municipal."
Cet arrêté, pris en 2008 et non validé, interdit à la ligne THT de passer à moins de 500 mètres des habitations du Chefresne. "La préfecture avait été informée dès jeudi de notre intention de boycott et nous avait assurés qu'elle prendrait les dispositions pour que le scrutin puisse être organisé sans réquisitions, d'où notre indignation", assure le maire.