On connaît déjà ce système dans le foot : entre clubs, on se prête des joueurs. Eh bien, c'est aussi le cas dans les entreprises. Une loi adoptée en 2009 autorise en effet les employeurs à prêter leurs salariés. Mais cette pratique se fait sous certaines conditions, comme le volontariat et le maintient des salaires. L'enjeu de ce dispositif est de miser sur la flexibilité en prêtant son salarié pour éviter de le licencier. Pour simplifier les formalités administratives entre les sociétés prêteuses et emprunteuses une plate-forme a été mise en place sur internet, Flexojob.
>> Europe 1 est allé à la rencontre du créateur de ce site et d'une entreprise ayant recours à cette pratique. Reportage.
Dans cet institut parisien, les quatre coiffeurs sont en CDI et à temps plein. L'effectif idéal, sauf en période creuse. Vacances obligent, le salon tourne donc aujourd'hui au ralenti. Et pour rester rentable, la patronne a choisi de prêter sa nouvelle recrue. Ophélie est donc allée coiffer dans un autre salon.
Le salaire maintenu à l'identique. "L'avantage c'est qu'au lieu de me renvoyer chez moi pour la journée. Là, elle sait qu'il y a un autre salon qui a besoin de moi. Et financièrement on s'y retrouve tous. Pendant une journée je peux voir un autre salon de coiffure, avoir une autre expérience, voir de nouvelles techniques, tout en sachant que j'ai quand même un CDI et un contrat solide dans une autre entreprise", commente la jeune fille au micro d'Europe 1. Pour cette journée, Ophélie a signé un avenant à son contrat de travail, mais gagnera exactement le même salaire. Un salaire qui est toutefois assumé par le "salon emprunteur".
"S'alléger, avant de licencier". Convaincu des mérites de cette flexibilité, Christophe Japiot met toutes ces entreprises en relation sur une plateforme. "Une des solutions que l'entreprise peut avoir aujourd'hui, c'est de reconnaitre que son entreprise va mal. Et donc de prêter ses salariés, pour s'alléger, avant de les licencier". Il garde ses salariés. Donc il a l'avantage de garder des gens qu'il connaît et de pouvoir s'alléger de leur présence le jour où il n'a plus d'activité", résume Christophe Japiot interrogé par Europe 1. Selon certains patrons emprunteurs, le prêt de salariés coûte jusqu'à 80% moins cher que payer une mission en intérim.