Chargées du ramassage et du traitement des déchets ménagers, les communes doivent elles revoir leur méthode de calcul ? Dans une enquête dévoilée jeudi sur la gestion de ces déchets par les collectivités, l'UFC-Que Choisir pointe en effet des "dérapages tarifaires".
D'importantes disparités locales
Selon l'association de défense des consommateurs, le coût réel du service est de 99 euros par habitant. Cette moyenne "cache de fortes disparités locales" à structure d'habitat et service comparables, d'après l'UFC-Que Choisir.
La collecte et le traitement des déchets ménagers coûte ainsi 46 euros par an par habitant dans le grand Dijon, mais 149 euros dans la communauté urbaine Pays de Biarritz. Pour les villes de plus de 300.000 habitants, le coût est de 70 euros dans le grand Lyon, mais il grimpe à 115 euros à Lille Métropole, 144 euros à Paris et 149 euros à Marseille Provence Métropole.
Autre point de mécontentement : le produit de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM). Celui-ci a progressé de 7,1% en 2009 à 5,4 milliards d'euros, a indiqué le président d'UFC-Que Choisir Alain Bazot. Le montant de cette taxe a donc quadruplé en moins de vingt ans, sans "augmentation exponentielle des déchets à éliminer" dans le même temps, a-t-il souligné. Les coûts qui "peuvent justifier une certaine augmentation", comme des mesures d'évacuation plus drastiques des fumées lors du traitement, "n'expliquent pas tout", a conclu Alain Bazot.
Un manque de transparence
Alors que l'enquête a étudié les disparités de service dans 150 communes, Jean-Yves Hervez, administrateur national de l'UFC-Que Choisir a regretté un manque de transparence. L'association n'a pu obtenir les rapports sur le prix et la qualité de gestion des déchets que dans 92 de ces communes.
Certains rapports se sont révélés aussi très lacunaires. Près de la moitié ne mentionnaient même pas le coût de la collecte à la tonne ni celui du traitement. "Les collectivités pilotent sans tableau de bord", a déploré l'association.
En conséquence, l'UFC-Que Choisir réclame un renforcement de la réglementation sur la publication des rapports déchets, un renforcement des règles comptables sur la TEOM, avec une réelle application de l'interdiction de bénéfices, et la mise en place d'indicateurs de performance
Dans un rapport publié en septembre, la Cour des comptes concluait également à un "mauvais pilotage de la gestion des déchets".