Pour venir en aide aux éleveurs victimes de la sécheresse et nourrir les bêtes, des agriculteurs ont trouvé une solution : puiser dans les stocks de blé servant à la fabrication des carburants. Mais le sujet fait polémique.
100.000 tonnes de blés
D'un côté, les éleveurs se demandent comment ils vont pouvoir nourrir leurs bêtes à brève échéance. De l'autre, les producteurs d'agro-carburants ont mis de côté de grosses quantités de blé pour en tirer de l'éthanol. Une situation paradoxale qui donne des idées à certains pour combattre les lourdes conséquences de la sécheresse.
Depuis quelques jours, c'est la Coordination rurale, syndicat agricole, qui monte au créneau. Son président, Bernard Lannes, réclame la réquisition des quelques 100.000 tonnes de blé actuellement stockées dans les silos des entreprises de transformation. "Il y a aujourd’hui dans nos silos, du blé qui a été livré par des agriculteurs toute l’année et si on le met à disposition, vous prenez un peu de paille, vous mettez du blé et vous mettez un peu de tourteaux, tout de suite vous avez une ration alimentaire pour pas cher", a expliqué à Europe1 Bernard Lannes.
Un non-sens pour les industriels
Mais les professionnels du carburant agricole ne voient pas les choses ainsi. Pierre Cuypers, président de l'association pour le développement des carburants agricoles considère que c'est un non-sens que d'opposer la fabrication de l'éthanol à l'alimentation du bétail. "Quand vous extrayez la partie alcool du blé, il reste une matière noble, riche en protéines, qui contribue aux besoins nécessaires aux animaux pour leur alimentation. Donc produire du blé pour de l’éthanol c’est en même donner une chance au monde animal que d’avoir des matières riches en protéines à disposition", a-t-il déclaré au micro d'Europe 1.
Un conflit d’intérêt ?
Mais en réalité, une fois la transformation effectuée, il ne restera plus 100.000 tonnes, mais 60.000. Et la qualité énergétique du blé, importante pour les animaux, ne sera plus là.
Mais pour l’heure, le ministère de l'Agriculture n’envisage aucune réquisition. La FNSEA, premier syndicat agricole, ne se montre pas très enthousiaste non plus. Une position qui ne surprend pas les dirigeants de la Coordination rurale. Ces derniers se plaisent à rappeler que le président de la FNSEA, Xavier Beulin est aussi à la tête de Sofiprotéol, groupe dont l'une des branches développe des carburants agricoles.
Face à la sécheresse, Xavier Beulin, n’a pas hésité ces derniers jours à lancer un appel à l’armée pour "fournir des moyens techniques" aux agriculteurs, et a demandé l’aide de la SNCF, de l’Etat, et des banques.