Les "salles de shoot" font leur chemin en France. Alors que Jean-Marie Le Guen s'est prononcé en leur faveur mercredi, la ministère de la Santé planche actuellement sur le dossier mais dans la plus grande discrétion, selon les informations d'Europe 1.
Discrétion sur le sujet
Le cabinet de Marisol Touraine épluche le dossier depuis le début du mois d'août, sans faire de tapage. Associatifs, médecins, élus... Plusieurs acteurs du secteur sont interrogés sur la pertinence et la mise en place de ces salles réservées aux toxicomanes pour se piquer dans des conditions sanitaires satisfaisantes et avec un encadrement médical. Avec une consigne : ne pas faire de vagues. Certaines villes se sont toutefois déjà préparées.
A Paris d'abord, une salle est prête, du côté de la gare du Nord, dans un local sans voisins, plus deux ou trois annexes dans l'Est de la capitale. A Marseille ensuite, trois salles sont là aussi disséminées dans la ville avec un QG central près de la gare Saint-Charles.
Bordeaux, Lille et Toulouse ont aussi des projets en cours mais qui sont moins avancés.
Un engagement de François Hollande
Les professionnels n'attendent plus que le feu vert du ministère de la Santé pour se lancer. Mais Marisol Touraine avance prudemment, lentement et difficilement. Certains interlocuteurs affirment même en off que ces espaces ne sont pas, à titre personnel, la tasse de thé de la ministre. Mais Marisol Touraine est liée par un engagement de François Hollande qui, pendant la campagne, s'est dit favorable à des expérimentations au moins.
Alors la ministre tergiverse et pèse le pour et le contre : à l'étranger, les salles de shoot ont fait la preuve de leur efficacité : moins de morts par overdose, plus de demandes de sevrage... Des résultats probants mais avec un frein de taille: le prix, lourd, puisque chaque salle de shoot coûte autour d'un million d'euros.
"Mentalité stupide"
D'autant que, même à l'étranger, leur efficacité est contesté. "Il faut se réveiller un peu!" a ainsi réagi Bernard Debré, député de Paris et médecin, jeudi matin sur Europe1. "Aux États-Unis et en Suisse elles existent et elles ferment. En Suisse, elles attiraient des étrangers. Puis on a fait des jardins et il y avait des crimes et des drames. C'est indéfinissable comme idée", a-t-il critiqué.
"Si quelqu'un fait une overdose mortelle, qui est responsable ? Si un drogué sort de la salle de shoot et tue quelqu’un, qui est responsable ? L’État ! Avec ces salles, un drogué pourra très bien attaquer l'État et l'accuser de l'avoir poussé vers la drogue", s'inquiète le député médecin.
"En plus de ça, le signal vis à vis des citoyens est aberrant. C'est une mentalité stupide", renchérit-t-il. Concluant : "il faut lutter contre la drogue au niveau mondial et instruire les jeunes. Elle est mortelle la drogue."