"Ma sœur m’a dit : ‘il ne faut pas t’inquiéter, mon cancer des os, c’est normal. Je consulte une personne par téléphone et elle me dit que ce sont les trous qui se referment’. Ma sœur était affaiblie. Elle y a cru", témoigne, sur Europe 1, Jean-Philippe dont la sœur a été victime de dérives sectaires.
Ces méthodes dangereuses touchant le domaine de la santé font, mercredi, l’objet du rapport annuel de la Miviludes, la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires.
La Miviludes alerte les malades du cancer
Selon ce rapport, les sectes cibleraient en particulier les malades du cancer, une maladie qui fait peur. Les malades alternent périodes de rémission et traitements lourds, comme les chimiothérapies. Fragilisés, ils sont alors tentés de chercher d'autres méthodes pour se soigner et peuvent alors s’orienter vers de pseudo-thérapeutes.
C'est ce qui est arrivé à Corinne, la sœur de Jean-Philippe, devenue adepte de la méthode Hamer, en 2005. Une méthode qui soutient que le cancer est l’extériorisation d’un trouble émotionnel et qu’il suffit de guérir ce trouble pour en finir avec la maladie.
Jean-Philippe n'a pas oublié les propos étranges de sa sœur :
"C'est un phénomène qui nous préoccupe beaucoup. Certains gourous thérapeutiques vont jusqu'à proposer de soigner le cancer en buvant du jus de citron. D'autres militent pour l'urinothérapie, c'est-à-dire qu'on boit ses urines, ou encore cure de légumes pendant 42 jours", détaille Georges Fenech, président de la Miviludes, sur Europe 1."On n'a rien contre les médecines naturelles, par contre, nous savons, parce que nous avons été saisis de plusieurs signalements, qu'il y a des charlatans qui profitent de cette souffrance pour proposer des méthodes alternatives graves qui amènent à la coupure avec le soin et éloignent le patient de sa famille", poursuit-il.
Le phénomène apocalyptique
Outre les malades du cancer, les sectes profitent également du phénomène apocalyptique pour approcher de potentielles "victimes". "A l'approche de 2012, ce phénomène s'amplifie. On voit, en France, des groupes nord-américains s'installer, notamment dans l'Aude, avec la construction de bunkers", raconte Georges Fenech.
Pour lutter contre ses dérives, la Miviludes et l'Institut national du cancer vont distribuer un dépliant intitulé Cancer attention aux traitements miracles. Les patients le trouveront dans les salles d'attente. Parmi les signaux d’alertes que dénonce ce dépliant : les nouvelles méthodes qui demandent d’arrêter tous les autres traitements et qui s’accompagnent de séances gratuites.