La proposition est jugée "irréaliste" par les professionnels. Partant du constat qu’il manque des médecins dans les zones rurales, Françoise Tenenbaum, vice-présidente PS du Conseil régional de Bourgogne, souhaite faire appel aux vétérinaires dans "les situations d’urgence" pour remplacer les généralistes.
Un remplaçant au moins dans l'urgence
François Tenenbaum a confirmé, au micro d’Europe 1, vouloir "autoriser les vétérinaires à, éventuellement, faire les premiers gestes. Quelqu’un qui a eu un accident et qu’un vétérinaire se trouve sur place, ne faut-il pas autoriser le vétérinaire à aider si vraiment il n’y a pas d’équipe de santé immédiatement disponible avant de passer la main ? ", s’interroge Françoise Tenenbaum.
En clair, le vétérinaire serait présent pour dispenser les premiers secours au patient qui serait ensuite orienté vers un médecin ou un hôpital à proximité.
Il y a trop peu de nouveaux médecins
Bien que le numerus clausus du concours d’entrée en médecine ait été relevé de 300 places pour 2012, "il faudra une dizaine d’années pour que ces nouveaux médecins soient formés et puissent pratiquer", rappelle la vice-présidente du Conseil régional qui évoque un contexte d’urgence.
Françoise Tenenbaum défend l’idée que les vétérinaires sont des praticiens de la médecine de niveau équivalent. "Un vétérinaire s’occupe des bovins mais aussi des autres mammifères. Ils ont eu un concours très difficile et sept années d’étude. Il ne s’agit pas de galvauder notre médecine qui est d’un excellent niveau. Il s’agit de voir si l’on ne peut pas mettre en place une passerelle et autoriser des gestes de premier soin de secours."
Pour permettre ces nouvelles pratiques, Françoise Tenenbaum souhaite mettre en place "une année de formation" en plus pour les "vétos". Une modification de la législation serait également nécessaire. En effet, seuls les professionnels titulaires d’un diplôme d’Etat de docteur en médecine ont droit de soins sur un patient "humain".
"C'est un pavé dans la mare"
Reste que cette proposition a déclenché une levée de boucliers des médecins, mais aussi des vétérinaires. "C'est totalement irréaliste et dangereux ! On n'est pas du tout compétents pour faire une médecine humaine", a jugé Gérard Vignault, président du Conseil régional de l'ordre des vétérinaires de Bourgogne. "Ce serait un recul des soins apportés aux gens. On reviendrait au 19e siècle, alors que l'on est dans une politique de médecine de pointe : le médecin généraliste est devenu un aiguilleur vers les spécialistes", a-t-il analysé.
Jean-Pierre Mouraux, président du Conseil de l'ordre des médecins de Côte-d'Or, préfère prendre la chose "avec humour". "C'est un pavé dans la mare et ça fait bouger les canards. On en retiendra les bonnes intentions".