Caillassage, verre brisé, lacrymos... Plusieurs milliers de sympathisants pro-palestiniens ont bravé l'interdiction de manifester samedi à Paris et le rassemblement a rapidement dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre. Des dizaines de manifestants s'en sont pris aux CRS et gendarmes mobiles, sans relâche pendant plusieurs heures, dans le nord de la capitale, autour du carrefour Barbès.
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Et le quartier a pris des allures chaotiques en fin d'après-midi.
A leurs jets de pierres et de bouteilles, les CRS ont répliqué avec des grenades lacrymogènes. L'air est rapidement devenu irrespirable. Dans une grande confusion, les manifestants, parmi lesquels beaucoup de jeunes hommes, se sont dispersés dans les rues du quartier, croisant des familles parties faire leurs courses ou des touristes ébahis non loin du Sacré Coeur.
Dans un bruit assourdissant de pétards et de sirènes de police, des passants traversaient en pleurs, un mouchoir ou un foulard sur le visage. Bars et commerces, rapidement pris d'assaut, ont baissé leurs rideaux et fermé leur terrasse dans la panique. Et ils semblent avoir eu raison.
En fin d'après-midi, une vingtaine de jeunes hommes, certains portant le drapeau palestinien sur les épaules, jetaient encore sur les forces mobiles de grosses pierres récupérées sur un chantier. Et quant ils ne visaient pas les policiers, les casseurs s'en sont pris à ce qu'ils avaient sous la main.
Selon une source policière, 44 personnes ont été interpellées pour jets de projectiles, violences contre les forces de l'ordre et outrage. Parmi elles, dix-neuf personnes se trouvaient toujours en garde à vue dimanche matin, notamment pour violences sur forces de l'ordre. Selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, dix-sept policiers et gendarmes ont été blessés.
Les boulevards autour de Barbès étaient recouverts de bris de glace, entre abribus et cabines téléphoniques détruites, et deux camionnettes de la RATP étaient calcinées au milieu de la chaussée, ainsi que des poubelles.
La manifestation avait été interdite vendredi par la préfecture de police, évoquant des "risques graves de trouble à l'ordre public" après les heurts du 13 juillet devant deux synagogues, en marge d'un autre rassemblement. Mais selon des sources policières, ils étaient plusieurs milliers au rendez-vous. Entre 5.000 et 10.000 selon les organisateurs. Plusieurs rassemblements en soutien aux Palestiniens de Gaza se sont déroulés dans le calme dans plusieurs grandes villes, notamment Marseille (3.000 manifestants) ou Lyon (4.000 personnes). A Strasbourg ils étaient 1.300, selon la police, et quelque 1.500 à Avignon, selon l'AFP.