L'info. Ce n'était pas Le Mur, mais Asu Zoa. Officiellement, Dieudonné a joué un nouveau spectacle lundi soir à Paris, après avoir été interdit de scène dans plusieurs villes la semaine dernière. En fait, l'humoriste n'a pas réécrit de nouveaux textes en trois jours, mais il a repris entièrement la trame du précédent, en l'expurgeant des attaques les plus frontales contre les Juifs. Europe 1 a assisté à la représentation.
Un climat de suspicion. C'est toujours au théâtre de la Main d'Or, son QG dans le 11ème arrondissement de Paris, qu'a joué Dieudonné. La polémique de la semaine dernière n'a pas empêché l'humoriste de faire salle comble. Ce sont d'ailleurs surtout des habitués qui étaient là. Les tensions de la semaine passée ont néanmoins laissé quelques traces. Le spectacle se déroule dans un climat de suspicion. Toute personne qui tente de prendre une photo ou est soupçonnée de vouloir enregistrer le spectacle est immédiatement désignée par les lasers du service d'ordre.
Pas de sortie antisémite. Fini donc les sorties qui avaient motivé l'interdiction du Mur. "Je ne suis pas antisémite, personne dans cette salle n'est antisémite. Parce qu'on n'a pas envie, on n'a pas le temps, on a d'autres choses à faire", dit Dieudonné. Le journaliste de France Inter Patrick Cohen est néanmoins toujours évoqué, mais sans les références aux chambres à gaz qui avaient choqué et mobilisé notamment le ministère de l'Intérieur. De la même façon, Dieudonné ne dit plus "Je n'ai pas à choisir entre juifs et nazis, je suis neutre dans cette affaire", un des passages choc du spectacle Le Mur.
Pas loin du dérapage. Mais Dieudonné flirte toujours avec les limites de la loi. Ainsi lorsqu'il s'en prend à François Hollande, c'est pour dire qu'il préfèrerait un président "avec une casquette et une moustache". Et lorsqu'on pense qu'il fait une allusion à Hitler, Dieudonné s'en défend : c'est une référence au personnage de jeu vidéo Super Mario, assure-t-il. Au détour d'une imitation d'Alain Jakubowicz, le président de la LICRA, il se moque de Manuel Valls, présenté comme un larbin. Pendant un peu plus d'une heure lundi soir, Dieudonné s'est donc posé en victime des médias et de la justice. Après une heure, Dieudonné termine en adressant à François Hollande le "chant de la quenelle". Un refrain repris par le public, à l'adresse d'Ariel Sharon cette fois.
>> A LIRE AUSSI : D'où vient la quenelle ?
La préfecture attentive. La préfecture de police de Paris avait autorisé Dieudonné à se produire lundi soir, estimant qu'il s'était écoulé un "délai raisonnable" depuis que Dieudonné avait annoncé travailler sur un nouveau spectacle. L'artiste controversé avait déclaré que le show évoquerait "la position de l'Afrique dans le monde, son histoire" et les "ancêtres" de Dieudonné, né il y a 47 ans d'un père camerounais et d'une mère bretonne. La préfecture avait aussi pris acte de son engagement public de "ne pas réitérer des propos contraires à la dignité de la personne humaine" mais avait prévenu que si des propos "tombant sous le coup de la loi venaient à être tenus" lors de ce nouveau spectacle, "toutes les conséquences en seraient tirées tant au plan judiciaire qu'administratif".
L'UEJF "dubitative". Après la première représentation de ce nouveau spectacle, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) s'est dite "dubitative sur cette volte-face". L'association "remarque que Dieudonné continue de diffuser sur Internet des messages vidéos racistes et antisémites via sa chaîne Youtube". Elle a donc porté plainte contre le polémiste pour des propos tenus dans une vidéo intitulée "2014 sera l'année de la quenelle", "met en demeure le site Youtube de supprimer au plus vite les autres vidéos illégales ayant été publiées par Dieudonné".
ACTU - Dieudonné autorisé à jouer son nouveau spectacle
REACTION - Pour Dieudonné "il n'y a plus d'affaire"
INTERVIEW - "Nous ne lâcherons pas Dieudonné sur Internet"
INFOGRAPHIE - Le calendrier des spectacles interdits