C'était un retour sur scène sous haute surveillance. Dieudonné était au théâtre de la Main d'or, dans le 11e arrondissement de Paris, jeudi soir pour la première de son nouveau spectacle : "La bête immonde". Six mois après la polémique autour de son dernier spectacle, Le mur, finalement interdit par le Conseil d'Etat, l'humoriste, condamné à plusieurs reprises, reste dans le viseur. Un journaliste d'Europe 1 était dans la salle pour assister à la représentation.
Un nouveau spectacle, mais Dieudonné continue de provoquer. Juifs, homosexuels, ses thèmes obsessionnels sont toujours là. Et l'humoriste, en combinaison orange, référence aux détenus de Guantanamo, assume : "on va encore me traiter d'antisémite", lance-t-il en riant aux éclats au début du spectacle, "mais je vais vous dire, je commence même à y prendre du plaisir." Sur scène, devant une salle bondée et un public hilare, il établit un parallèle douteux entre le génocide des Juifs et l'esclavage, il imagine aussi l'année 2050, après le mariage gay, alors que les hommes, dit-il, se mettront à coucher avec des animaux.
>>> Le nouveau spectacle de l'humoriste est toujours aussi provocateur pour le président de l'UEJF, qui a déjà prévu une action en justice.
L'humoriste est au cœur de plusieurs procédures judiciaires. Dieudonné, qui multiplie les saillies antisémites et les injures, devra répondre devant la Justice de ses propos contre le présentateur de la matinale de France Inter Patrick Cohen. Dans son précédent spectacle Le mur, il disait : "Tu vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu’il ait le temps de faire sa valise. Moi, tu vois, quand je l’entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... dommage." Il sera jugé le 26 novembre. Il risque un an de prison et 45.000 euros d'amende pour incitation à la haine raciale. Une autre affaire pourrait lui coûter cher : il comparaîtra le 3 février prochain, pour injure publique. Il avait qualifié Manuel Valls de "Mussolini à moitié trisomique" en août dernier. L'amende pourrait s'élever à 12.000 euros.
A la Main d'or, où il se produit depuis quinze ans, il est en sursis puisque les propriétaires du théâtre voudraient l'expulser. L'affaire sera tranchée le 23 septembre. La justice a aussi lancé depuis le début de l'année plusieurs enquêtes concernant le polémiste : pour organisation frauduleuse d'insolvabilité, blanchiment et abus de biens sociaux. Il est soupçonné d'avoir fait appel aux dons auprès de ses fans pour payer des amendes, ce qui est illégal.
JUSTICE - Une nouvelle enquête contre Dieudonné pour travail dissimulé
REPORTAGE - Dieudonné sera-t-il chassé du théâtre de la Main-d'Or ?
ZOOM - Dieudonné : où en est (vraiment) l'humoriste?
ZOOM - Pourquoi est-il allé en garde à vue ?
LA QUESTION - A-t-il organisé son insolvabilité ?
L'INFO - Dieudonné entendu par la gendarmerie