INFO. La sœur d'un homme tué d'une balle dans le dos par un policier en 2012, qui milite depuis contre les violences policières, a été relaxée mercredi des poursuites en diffamation intentées par le ministère de l'Intérieur. Amal Bentounsi, sœur d'Amine Bentounsi, tué le 21 avril 2012 à Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, était poursuivie pour "diffamation publique envers une administration publique". Les syndicats de police estime que cette relaxe "porte un discrédit sur l'ensemble de la police".
"Urgence notre police assassine". Fondatrice du collectif "Urgence notre police assassine", elle avait déclaré dans une vidéo publiée sur son site : "vous voulez commettre des violences et crimes, en toute impunité sans jamais être inquiété ? (...) La police recrute et la justice vous protège". Suite à cette diffusion, elle avait été visée par une plainte signée par Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, en janvier 2013.
Le policier en cause dans la mort de son jeune frère, qui argue de la légitime défense, a été mis en examen pour homicide volontaire, mais Amal Bentounsi dénonce le fait qu'il "continue à percevoir son salaire en attendant son procès".
Le procès des violences policières. L'audience début avril avait tourné autour des violences policières en général, Amal Bentounsi ayant fait témoigner plusieurs proches de victimes, un chercheur en sciences sociales et produit un rapport d'Amnesty International de 2009 intitulé "France: des policiers au dessus des lois".
A l'issue des débats, où le ministère de l'Intérieur ne s'était pas fait représenter, la procureure avait dit "ne pas croire" que les propos incriminés "dépassent les limites admissibles de la liberté d'expression dans une société démocratique". Le tribunal correctionnel de Paris l'a suivie, notamment "compte tenu du contexte particulier de l'affaire", avec une prévenue "impliquée de très près dans un drame auquel elle a réagi", et de ce que la vidéo incriminée avait été diffusée "sur un site clairement militant".
"La justice nous autorise à dire ce qu'on pense". La décision a été accueillie par les applaudissements des soutiens d'Amal Bentounsi, que la sécurité a empêché d'enfiler, à l'intérieur du palais de justice, des tee-shirts au nom de leur collectif. "La justice nous autorise à dire ce qu'on pense. On est très heureux de ce verdict, mais très clairement le combat va continuer, contre l'impunité d'une manière générale", a déclaré Amal Bentounsi, pour qui la plainte contre elle était un "os à ronger jeté par Valls sous pression des syndicats policiers".
Elle a indiqué que le collectif avait demandé à être reçu par la ministre de la Justice Christiane Taubira, pour demander une réforme "afin que ce ne soit plus des policiers qui enquêtent sur des policiers quand ils sont mis en cause dans des affaires de meurtres, de crimes contre la population". Le collectif compte également saisir des parlementaires sur ce thème, a-t-elle indiqué.
"Un discrédit sur l'ensemble de la police". Mais de leur côté, les policiers estime que cette décision constitue un très mauvais signal. "C'est choquant, parce que la police est une police républicaine, elle est là pour faire respecter les lois. La police n'est pas là pour assassiner les gens comme le dit cette personne. Nous ne pouvons pas laisser passer ce genre de chose, parce que lorsqu'on porte le discrédit sur un policier, on porte un discrédit sur l'ensemble de la police. Et c'était son but", déplore Christophe Crépin, délégué syndical d'Unsa-Police, interrogé par Europe 1.
L'AFFAIRE - Son site déplaît à la place Beauvau