Easyjet risque d'être condamnée une deuxième fois. La compagnie à bas coûts comparaissait vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris, pour avoir débarqué de l'un de ses avions une passagère handicapée, victime d'un accident il y a vingt ans. Le motif : cette femme n'avait pas d'accompagnateur. Le tribunal devrait rendre sa décision au mois de mai.
Le 21 mars 2010, Marie, 39 ans, qui se déplace en fauteuil roulant, embarque sans aucun problème sur un vol Paris-Nice. La veille, elle avait effectué le voyage en sens inverse, sans encombre. Mais une fois à bord, l'équipage lui demande si elle peut se rendre seule aux toilettes. Marie répond que non, et le personnel lui indique alors qu'elle doit être escortée par un accompagnateur.
"Humiliée, rejetée"
Des passagers se proposent alors, mais se voient rétorquer que la demande d'accompagnateur doit impérativement se faire au sol, avant l'enregistrement, sinon la procédure n'est pas valide. Contre son gré, Marie est donc débarquée de l'avion, sur ordre du commandant de bord. Quelques heures plus tard, elle embarquera finalement sur un autre vol, direction le Var, où elle travaille dans une association de réinsertion.
Marie confie s'être sentie "mal, humiliée, rejetée". "En cinq minutes, on se retrouve totalement anéantie et on revient 20 ans en arrière, à tout recommencer", témoigne-t-elle. Pour "défendre ses droits", elle a donc décidé de se joindre à l'Association des paralysés de France (APF), pour porter plainte contre Easyjet.
Un cas particulier, dit Easyjet
Pour l'APF, la compagnie a commis une "entrave à la liberté de circuler librement". L'association espère bien que ce procès débouchera sur une "décision exemplaire qui reconnaisse la discrimination envers cette passagère en raison de son handicap".
La compagnie, elle, met en avant les réglementations aériennes et affirme embarquer chaque année 350.000 personnes à mobilité réduite, soit plus de 1.000 par jour, dont "même pas 1% sont accompagnées". Mais pour l'avocat d'Easyjet, Me Philippe van der Meulen, le cas de Marie est "un cas particulier". Celle-ci aurait déclaré, lors des contrôles, être autonome, "alors qu'elle ne présentait pas le degré d'autonomie suffisant pour ne pas être accompagnée".
70.000 euros d'amende en janvier
Me Philippe van der Meulen affirme qu'Easyjet n'a jamais eu la moindre "intention discriminatoire" et qu'il n'y a "aucune infraction pénale".
En janvier, la compagnie britannique a déjà été condamnée par le tribunal de Bobigny pour des faits similaires. C'était le 13 janvier dernier. EasyJet a été contraint de payer 70.000 euros d'amende et 6.000 euros de dommages et intérêts, car trois personnes handicapées non accompagnées s'étaient vues refuser l'accès à un avion. La compagnie, qui a fait appel, avait alors évoqué des raisons de sécurité, affirmant se conformer aux réglementations britannique et européenne.