POURSUITES. Les Toulousains de 15 et 16 ans, soupçonnés d'avoir voulu se rendre en Syrie pour y mener le djihad, ont été mis en examen vendredi par une juge antiterroriste, une mesure rarissime pour des mineurs. Ces mises en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ont été assorties de contrôles judiciaires prévoyant des mesures éducatives, selon une source judiciaire.
Les jeunes toulousains ont répondu durant deux jours aux enquêteurs de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) sur le périple entamé le 6 janvier qui les a sans doute conduits en Syrie via la Turquie. Des deux, c'est le plus jeune, Y., qui est aussi le plus inséré dans le système scolaire, qui semble avoir été le plus déterminé, a assuré une source proche du dossier.
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Un contrôle judiciaire strict. Mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", le premier ado été placé sous contrôle judiciaire. Selon les informations recueillies par Europe 1, cette mesure comprend plusieurs contraintes parmi lesquelles l'obligation de répondre aux convocations de la justice, l'interdiction de sortir du territoire, la remise de ses papiers d'identités, l'obligation de suivre une scolarité ou une formation professionnelle, de se soumettre à des mesures de protection, de surveillance et d'éducation.
Le jeune homme a également l'interdiction d'entrer en contact avec son camarade de "voyage". Une mesure qui laisse penser que les deux adolescents ne pourront reprendre tous deux leur scolarité au sein du lycée des Arènes, à Toulouse, en classe de seconde générale.
Ce que répondent leurs avocats. Cette mise en examen repose sur "des charges ridicules", a répliqué un de ses avocats, Me Yassine Bouzrou. Selon lui, son client "pensait bien faire en allant en Syrie" et met en avant le caractère "humanitaire" de son voyage. Selon une source proche du dossier, Y. réfute s'être rendu dans un camp d'entraînement lors de son passage en Syrie.
Une motivation pacifique relativisée par des sources proches du dossier, qui évoquent une photo avec une arme diffusée sur Facebook dont l'authenticité devra être établie ou un appel à des proches où l'un des deux évoquait les combattants comme ses "frères". Selon une source proche de l'enquête, le plus âgé des deux n'évoque pas ce caractère "humanitaire". Les versions des deux garçons ne concordent d'ailleurs pas en tous points.
Des questions sur leur voyage. Pour l'heure, rien ne semble indiquer que ces adolescents aient été acheminés par une filière. Internet et les réseaux sociaux paraissent avoir grandement contribué à la formation de leur projet. Les enquêteurs analysent les sites qu'ils ont visités. Ils entendent aussi voir comment ils ont pu être approchés et s'ils ont rencontré sur place des "facilitateurs" venus de France, un "petit groupe de personnes" chargées d'orienter leurs compatriotes dans la zone turco-syrienne, a poursuivi une autre source.
Des "facilitateurs" qui sont l'objet de l'attention particulière des services français. Les enquêteurs s'intéressent notamment à un homme actuellement en Syrie, qui pourrait être "à l'origine du départ" des deux garçons et apparaît dans d'autres dossiers sur la Syrie.
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