Il voulait rejoindre les camps d'Aqmi. Une enquête a été ouverte mercredi à Paris et confiée à la DCRI.
Il se nommerait Ibrahim Aziz Ouattara, possède la double nationalité franco-malienne et est déjà bien connu de la justice française et des services de renseignement. Sous le prête-nom de Khalifa Dramé, il aurait été arrêté samedi matin à Sévaré, au centre du Mali, alors qu'il tentait de rejoindre les groupes islamistes du nord du pays, au Sahel. Une enquête a été ouverte mercredi à Paris dans cette affaire qui pourrait illustrer le nouvel intérêt que suscite cette zone chez les apprentis djihadistes français.
Un nouvel eldorado du djihad français ?
C'est l'une des craintes de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) : voir les djihadistes français préférer désormais s'aguerrir en Syrie et au Sahel plutôt que dans les zones tribales afghanes et pakistanaises. Une tendance déjà mise en lumière par les projets syriens du "groupe de Cannes", démantelé en octobre.
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Deux Français, dont l'un connu de la DCRI, ont été repérés en août par les services secrets français dans une brigade d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Mali. Dans une vidéo mise en ligne le 9 octobre par le site mauritanien d'informations Sahara Media, l'un d'eux avait mis en garde la France, les États-Unis et l'ONU contre une intervention militaire dans le nord du Mali.
L'interpellation d'un Français au Mali, dont a été avisée la justice française mardi, viendrait donc confirmer que le Sahel est désormais la destination privilégiée des djihadistes français. L'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris vise le chef d'association de malfaiteurs en vue d'une entreprise terroriste. Elle a été confiée à la DCRI. On sait déjà que l'homme était entré dans le pays jeudi en provenance de Lisbonne sous le nom de Khalifa Dramé, une fausse identité. Actuellement en garde à vue au Mali, il ne conteste pas que son intention était de rallier Tombouctou, dans le Nord du pays, pour y rejoindre les groupes islamistes.
Un suspect bien connu de la justice
Le parquet tente désormais de vérifier l'identité du Français qui, comme l'a affirmé RFI en citant des sources maliennes, pourrait être un homme connu de la justice française. Les soupçons des enquêteurs de la DCRI, qui attendent de recevoir ses empreintes, s'orientent fortement vers Ibrahim Aziz Ouattara, franco-malien né en 1988 à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.
Ibrahim Ouattara avait été mis en examen en novembre 2010 dans le cadre d'une instruction ouverte sur des soupçons de projet d'attentat contre le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur. Dans cette information judiciaire conduite à l'époque par les juges antiterroristes Jeanne Duye et Christophe Teissier, neuf personnes avaient été mises en examen. S'il se confirme que le suspect interpellé au Mali est bien Ibrahim Ouattara, se posera la question de son avenir judiciaire, compte-tenu de sa double nationalité.
Des apprentis djihadistes déterminés
Déjà en 2010, les juges s'étaient intéressés à plusieurs séjours d'Ibrahim Ouattara à l'étranger. L'apprenti djihadiste s'était rendu au Yémen et au Pakistan notamment, pour y rallier des zones de combat. Avec un certain Ymad Bilel Benouahab , il avait été interpellé en Égypte à l'automne 2010 et renvoyé en France, placé en détention provisoire, puis libéré en juillet et placé sous contrôle judiciaire
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Ymad Benouahab, lui aussi libéré en juillet, vient d'être condamné à un an de prison dans une autre affaire, relayée par les médias en octobre : se présentant comme salafiste, il avait violemment agressé un sexagénaire qui avait pris une photo de femmes voilées à Paris.