Le groupe Doux va-t-il pouvoir respirer un peu ? Le leader européen de la volaille, placé en redressement judiciaire à sa demande pour six mois, a annoncé lundi qu'il allait payer ses éleveurs comptant pour leurs livraisons futures. Le but : permettre à l'activité du groupe, très endetté, de se poursuivre, au moins à court terme.
Cette décision a été annoncée après une réunion à la préfecture de la région Bretagne, à Rennes, avec une cinquantaine d'acteurs du dossier. Les paiements des fournisseurs "seront assurés à partir d'aujourd'hui par l'administrateur judiciaire", a précisé le vice-président de la région, en charge de l'agriculture, Michel Morin. "Les outils de production doivent pouvoir continuer à fonctionner", a-t-il martelé.
Des retards de paiement
Mais à ce stade, les arriérés dus à quelque 800 éleveurs français ne sont pas concernés. Les agriculteurs subissent des retards de paiement de 60 à 80 jours en moyenne, allant jusqu'à 115 jours pour certains.
A plus long terme, l'activité de Doux, dont la dette s'élève à 430 millions d'euros, n'est cependant pas garantie. La période d'observation accordée au groupe est de six mois. Il faudra trouver "en France ou à l'étranger, une participation ou une reprise de l'outil de travail", selon Michel Morin.
Le gouvernement suit le dossier
Le gouvernement, notamment les ministres de l'Agriculture et du Redressement productif, représentés à la réunion de lundi, suivent le dossier de près. Les deux ministères ont d'ailleurs déploré la semaine dernière la "décision personnelle" du dirigeant de l'entreprise, qui a déclaré son groupe en cessation de paiement. Ils se sont montrés optimistes lundi, affirmant que "cette filière, même si elle a quelques difficultés, a de l'avenir".
Des éleveurs rassurés
Du côté des représentants agricoles, l'annonce a été accueillie avec soulagement. "Nous sommes rassurés pour les jours à venir. Maintenant il va falloir gérer les arriérés", a expliqué Pierre-Yves Lozahic, un éleveur des Côtes d'Armor, qui dit avoir "confiance" et assure avoir "rempli son poulailler".
Pierre Lec'hvien, président de la coordination rurale du département, s'est lui aussi dit rassuré, tout en prévenant : "maintenant, la question est de savoir ce qu'on fait pour pérenniser cette filière".