L'enquête sur l'attentat de Karachi s'accélère. L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, mis en examen dans le volet financier de l'affaire, a été entendu, une nouvelle fois, mercredi, par le juge Renaud Van Ruymbeke.
Comme l'a révélé Europe 1 mercredi, le sulfureux intermédiaire dans la vente des sous-marins au Pakistan, a décidé de révéler au juge un réseau de corruption. Interrogé pendant plus de 10 heures, la semaine dernière, Ziad Takieddine a reconnu pour la première fois avoir perçu 30 millions de francs (4,5 millions d'euros) en marge de contrats signés entre la France et le Pakistan.
Les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire cherchent à savoir si ces commissions occultes ont financé illégalement la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995. Les magistrats tentent également de savoir si l’arrêt du paiement des commissions à des intermédiaires - qui aurait été décidé par Jacques Chirac en 1996 - est responsable de cet attentat de Karachi perpétré le 8 mai 2002.
Un système de commissions toujours en court ?
C'est notamment sur ce point que portent les révélations de Ziad Takieddine. Selon l'homme d'affaire, les commissions liées à la vente de frégate à l'Arabie Saoudite, n'ont pas été arrêtées en 1996 par Jacques Chirac et Dominique de Villepin, comme ils le prétendent.
Le versement de commissions, légal à l'époque, serait toutefois passé par une structure, installée en Suisse et une banque française. Les chiffres communiqués par Ziad Takieddine donnent le tournis : près de 1.4 milliard de francs (213 millions d'euros) versés en plusieurs fois.
Vers un élargissement de l'enquête ?
Mais Ziad Takieddine veut emmener les juges encore plus loin, en dénonçant un système de corruption généralisé, qu'il dit avoir découvert à l'occasion du marché des sous-marins de Karachi. Selon lui, il s'agit d'un système qui serait encore en place aujourd'hui, avec une méthode bien rodée pour masquer les véritables destinataires des fonds.
L'intermédiaire dit détenir à la disposition des juges tout un ensemble de documents pour les aider dans leur enquête. Si les juges accordent du crédit aux révélations de Ziad Takieddine, ils devront obtenir un "supplétif" du Procureur de Paris, pour élargir le champ de leur enquête. C'est ce que le juge Van Ruymbeke devrait demander mercredi.