La vidéo, révélée par Europe 1, avait fait la Une en décembre 2009 : deux policiers filmés par des caméras de vidéosurveillance en train de fouiller dans les tiroirs d'une boutique parisienne et de remplir un sac avec des billets.
A l’époque, les fonctionnaires avaient été mis en examen pour "vol en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique" et suspendus de leurs fonctions. Un peu moins de deux ans plus tard, selon les informations révélées par Europe 1, l'affaire pourrait se conclure par un non-lieu devant la justice.
Alors que l'instruction est sur le point de se terminer, le parquet a en effet demandé purement et simplement l’abandon des charges. A l’origine de ce réquisitoire : une des quatre caméras de vidéosurveillance montre que, voyant la situation dégénérer dans la boutique, le policier a laissé tomber le sac de billets. Pas un euro n'a donc quitté le magasin. De fait, le vol ne peut pas être établi. La tentative de vol est elle-même écartée.
La scène filmée par quatre caméras
Retour sur les faits : le 4 décembre 2009, deux policiers, en civil, entrent dans un magasin de cartes téléphoniques du 10e arrondissement de Paris. Exhibant un brassard de police et leur carte professionnelle, les deux fonctionnaires procèdent à un contrôle d'identité. Ils passent alors sous le comptoir, fouillent les tiroirs. Et l'un d'eux est filmé en train de remplir un sac de billets.
La scène avait été captée par plusieurs caméras de vidéos surveillance. Europe1 avait récupéré les images de l’une d’elles.
Cette vidéo a depuis été visionnée depuis plus de 500.000 fois :
Tout au long de l'enquête, les deux policiers ont toujours clamé leur innocence. Entendus par l'Inspection générale des services, l’IGS, la police des polices, les deux fonctionnaires avaient indiqué s'être rendus dans cette boutique après avoir reçu une "information" sur un trafic de faux passeports. Une version confirmée par la suite par leur "indic'".
Des policiers suspendus deux ans
Si les policiers ont mis de l'argent dans un sac, c'était, selon eux, pour le remettre au gérant du magasin, dans l'arrière-boutique, le temps de leur opération. Durant l'enquête, les employés de la boutique ont eux-mêmes beaucoup fluctué dans leurs déclarations. Ajoutant encore au doute dans ce dossier.
A l'époque des faits pourtant, Brice Hortefeux, alors ministre de l'Intérieur, avait demandé et obtenu la suspension des deux policiers de la Direction du Renseignement de la Préfecture de police. Âgés d'une trentaine d'années, les ex-12e section des RG en charge de l'immigration irrégulière, avaient également été placés sous contrôle judiciaire après leur mise en examen.
Les fonctionnaires prudents
Reste que malgré ces réquisitions en vue d’un non-lieu, les policiers mis en cause dans cette affaire restent très prudents, conscients que la décision finale revient au juge d'instruction. Leurs avocats n’ont d’ailleurs pas souhaité commenter le dossier en l’état. D’autant que les fonctionnaires restent suspendus de leurs fonctions et pourraient être sanctionnés en interne. Pour ne pas avoir prévenu leur hiérarchie de leurs agissements ce soir-là.