La France partait de loin : elle est 24ème sur 27 pour l'utilisation du numérique dans l'éducation, selon l'étude Pisa de l'OCDE. Vincent Peillon a donc dévoilé jeudi sa stratégie pour opérer un sérieux virage vers le numérique. Basé sur la mise en réseau et un accès facilité aux ressources documentaires, ce plan numérique vise à la fois les élèves, les enseignants et les parents d’élèves.
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Mais qu’en pensent les premiers relais de cette mutation, les profs justement ? Les réponses de Stéphanie de Vanssay (professeure des écoles dans les Hauts-de-Seine, vice-présidente de l’association e-lab et conseillère technique auprès de l’Unsa en charge du numérique) et de Jean-Roch Masson (enseignant à l’école La Providence à Dunkerque et à l’origine d’un usage pédagogique de Twitter par ses élèves).
• L’impression générale. Stéphanie de Vanssay ne le cache pas : elle est "agréablement surprise". "On nous a présenté une vraie stratégie globale, aucun aspect essentiel n’a été négligé. On est enfin sortis de l’incantatoire", s’est-elle félicitée, à peine sortie de la conférence.
"D’un point de vue général, le message envoyé aux professeurs est positif : le numérique est un outil que l’école doit s’approprier", a renchéri Jean-Roch Masson.
• Le point fort. "Ce que j’ai trouvé vraiment nouveau et appréciable : Vincent Peillon a parlé des enseignants innovants, déclarant qu’il faut les écouter, les faire participer à la formation des autres, soutenir leurs associations. C’est vraiment nouveau de faire confiance aux enseignants innovants et de les soutenir. Le regard change, puisqu’on avait peur d’eux auparavant", a réagi celle qui est par ailleurs conseillère technique auprès de l’Unsa en charge du numérique.
Même son de cloche du côté de Jean-Roch Masson, qui se félicite de cette "reconnaissance" : "quand on essaie de faire des choses un peu originales et que la hiérarchie le reconnaît, c’est une bonne chose".
• Le moins bien. "Il a parlé de ressources en ligne pour aider les élèves en décrochage scolaire… je suis sceptique. Mettre des documents à disposition en ligne ne suffit pas, il faut les accompagner", a prévenu Stéphanie de Vanssay. Et cette dernière d’ajouter : "aujourd’hui, la fracture numérique ne porte plus sur la possession des équipements, la majorité des enfants en disposent, mais sur les usages. Dans les familles socialement défavorisés, même équipés informatiquement, les élèves n’ont pas les bons réflexes".
Pour Jean-Roch Masson, le gros problème est celui de "la formation numérique des enseignants : certains ont encore du mal à manipuler une souris. Il faut donc une formation continue car le numérique évolue vite et les enfants ne vont pas nous attendre pour s’emparer du numérique".