La copie n'était pas encore officiellement rendue que Najat Vallaud-Belkacem avait déjà tranché : la ministre de l'Education nationale ne suivra pas la recommandation du jury de la Conférence nationale sur l'évaluation des élèves préconisant de supprimer les notes chiffrées jusqu'en 6e, a-t-on appris vendredi auprès de son entourage. La ministre arbitrera sur les autres préconisations en avril.
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La suppression des notes "pas à l'ordre du jour". L'ensemble des recommandations du jury ont officiellement été remises et dévoilées en début d'après-midi vendredi. Mais la ministre de l'Education nationale et le président de la République n'ont pas attendu jusque-là pour faire connaître leur position sur ce sujet controversé : tous deux "ont toujours dit qu'une suppression des notes chiffrées n'était pas à l'ordre du jour", a-t-on fait valoir vendredi matin la rue de Grenelle. Le ministère précise toutefois que l'objectif est toujours d'aboutir à une évaluation "plus fine, plus exigeante" mais qui "ne décourage pas" les élèves.
"Synonyme de "perte d'exigence" pour le public. La conférence sur l'évaluation des élèves organisée les 11 et 12 décembre, avec des témoignages d'experts et enseignants innovants, était une initiative lancée par Benoît Hamon, le prédécesseur de Najat Vallaud-Belkacem. Depuis l'annonce de cette conférence censée plancher sur une "évaluation bienveillante", le ministère est accusé de vouloir "casser le thermomètre". "Pour des raisons qui nous dépassent, elle est devenue aux yeux du public "synonyme de "perte d'exigence", a d'ailleurs reconnu le président de la conférence, le physicien Etienne Klein.
"Le rapport est déjà enterré", a regretté dans un communiqué le SE-Unsa, deuxième syndicat de l'éducation.
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Les autres préconisations tranchées en avril. Quelles sont les recommandations de la conférence ? De la cinquième à la troisième, le rapport propose des grilles de références avec des niveaux et un livret de suivi, retirant ainsi "toute pertinence au principe de moyenne". Plus question donc de compenser un 5 en français par un 15 en maths. L'oral, la conduite de projets ou des travaux collectifs devraient être pris en compte.
Au lycée, il évoque une "notation plus traditionnelle", en "préservant cependant le lien avec les compétences, la distinction entre évaluation formative et sommative, et une certaine prudence vis-à-vis du principe de moyenne".Alors qu'en matière d'évaluation "chacun croit être spontanément compétent", il faudrait aussi sensibiliser les enseignants aux biais qui ont été démontrés par la recherche, lors de leur formation initiale comme continue.Les méthodes et critères utilisés pour évaluer devraient enfin être clairement expliqués aux familles.